Il importe de souligner que dans un processus de réforme électorale il faut d'abord et avant tout définir clairement, dès le début, l'objectif de l'exercice et les résultats escomptés, comme par exemple une nouvelle loi électorale, des procédures qui réglementent un référendum constitutionnel, une loi ou un organisme administratif pour conduire des élections, etc.
Il s'agit de préciser les objectifs légitimes de la réforme et non pas les avantages que peut rechercher le parti au pouvoir en proposant une réforme favorable a la réélection du gouvernement. La détermination d'objectifs légitimes aura comme résultat de favoriser l'atteinte d'un consensus et l'acceptation des changements par les citoyens et les intervenants politiques.
Les lois électorales se doivent d'être détaillées, exactes et rigides et demandent constamment des ajustements techniques mineurs. La formulation préalable des objectifs de la réforme est indispensable lorsqu'elle touche aux composantes principales du système électoral. En guise d'exemple, prenons la commission établie récemment pour étudier les changements possibles au système électoral britannique en vue d'une représentation plus proportionnelle : le parti conservateur, traditionnellement celui qui a le plus profité du système majoritaire actuel, a commenté la création de la commission en prévenant qu'un système proportionnel bouleverserait le système politique britannique au point de le démolir.
Une des questions qu'il faut se poser est l'ampleur que doit prendre la réforme : doit-elle se limiter à la réforme de la loi électorale ou aux procédures qui régissent d'autres éléments du système : les partis politiques, le financement des partis politiques et même les médias? Régle générale, les réformes qui ne tiennent pas compte de tous les aspects du processus connaissent plus de problèmes découlant des incohérences internes. La réforme doit toucher tous les aspects importants, sans ouvrir la porte trop grande à des changements inutiles. L'expérience des pays comme le Kenya, le Gabon et l'Ukraine, qui ont choisi de procéder rapidement aux travaux de réforme et de ne tenir compte que des aspects les plus pressants du système électoral, a démontré l'importance de toucher tous les aspects du processus électoral. Ces pays ont par la suite connu des problèmes dûs au manque d'efficacité des opérations et au manque de confiance qu'ont suscité les changements.
Les pays cités sont des exemples de pays qui ont adopté une stratégie minimaliste dans leur approche de réforme électorale : le genre de stratégie qui vise à faire une réforme rapide, contrôlée par le gouvernement qui la pilote, et qui limite les changements aux aspects qui demandent absolument des changements pour une élection qui doit être déclenchée. Les résultats ont été mitigés à cause des problèmes de cohérence interne entre les parties réformées et celles qui existaient dans le système non démocratique précédent et ont laissé une large partie de l'opinion publique insatisfaite. Le contenu d'une réforme électorale a une valeur symbolique et les modifications importantes doivent être bien visibles.