Plusieurs pays ont déjà utilisé la méthode du vote électronique et ce, paradoxalement, surtout dans des pays en voie de développement. Même si l'approche n'est pas nouvelle, étant utilisée par exemple dans des élections locales aux États-Unis, il n'en demeure pas moins que dans la vaste majorité des cas, elle se résume effectivement à un comptage expérimental et parallèle qui, de plus, est effectué par des maisons de traitement des données ou des entreprises en communications et non par les organismes électoraux eux-mêmes.
Bien que le système puisse être des plus prometteurs, partout au monde, à peu d'exceptions près, les élections continuent à se faire à l'aide du bulletin de vote contenant le nom des candidats en lice dans la circonscription.
En matière de bulletins de vote, on peut établir une différence fondamentale entre les systèmes qui utilisent un seul bulletin de vote et ceux qui en utilisent plusieurs. Dans le premier cas, tous les candidats en lice apparaissent sur un même bulletin, sur lequel l'électeur indique son choix. Dans l'autre cas, chaque candidat ou parti politique est indiqué sur son propre bulletin et l'électeur doit choisir le bulletin où figure celui pour qui il veut voter. Dans ce dernier cas, l'organisme électoral doit s'assurer que tous les bulletins sont disponibles en nombres semblables et tous aussi accessibles.
On peut établir une autre clarification. Il y a d'abord le système qui ne permet que l'utilisation de bulletins imprimés officiellement et vérifiés par l'organisme électoral afin que les citoyens n'y aient accès qu'au moment du vote. De l'autre côté, on retrouve le système à bulletins multiples selon lequel chaque bulletin est approuvé et imprimé en nombre suffisant par l'organisme électoral. Cette dernière approche n'empêche cependant pas chaque candidat de produire ses propres bulletins, conformes au modèle officiel, et de les distribuer à ses électeurs qui peuvent alors les utiliser pour voter.
Il n'y a aucun doute que la procédure la plus adéquate et la plus répandue est celle qui ne prévoit qu'un seul bulletin fourni par l'organisme électoral. Laisser les candidats ou les partis produire leurs propres bulletins n'offre aucun avantage évident et présente trois inconvénients :
- il peut facilement devenir un instrument de fraude étant donné qu'il réduit de beaucoup la nature personnelle et secrète du vote;
- il peut nuire au dépouillement et en ralentir l'exécution à cause des questions qui pourraient être soulevées concernant la validité des bulletins;
- il ajoute considérablement aux coûts des élections étant donné que l'État doit non seulement produire un nombre excessif de bulletins de vote, mais les bulletins produits par les candidats font normalement partie des dépenses d'élection et leur expédition par la poste peut être aux frais de l'État.
Pour ce qui est du contenu, les bulletins doivent indiquer le nom des candidats et le parti qu'ils représentent et on y retrouve aussi souvent le symbole du parti. Cette dernière mesure est souvent ajoutée pour faciliter le vote de personnes illettrées. À cette même fin, on ajoute parfois la photographie du candidat. Ceci est cependant beaucoup plus dispendieux et devient difficile à justifier surtout si la photo est en couleur ou imprimée sur du papier très épais.
Règle générale, le budget prévoit un montant très considérable pour les bulletins de vote. L'importance de ces montants est souvent difficile à justifier au nom de la liberté du vote quand on considère qu'il s'agit d'une transaction transitoire. Le bulletin, qui doit être considéré strictement comme un instrument du processus de vote et non une propagande, doit être adéquat mais économique, et aussi simple que le permettent les impératifs du respect de la liberté et du secret du vote.
Autre matériel
Toujours à l'appui du droit de vote, certains systèmes précisent que les bulletins doivent être insérés dans des enveloppes prévues à cette fin et qu'un isoloir doit être disponible pour permettre à l'électeur de voter en secret.
On peut affirmer que l'utilisation d'enveloppes est inutile, très dispendieuse et constitue un élément nuisible en ce qu'elle ralentit considérablement le dépouillement. On peut éviter cette mesure en imprimant le bulletin sur du papier légèrement plus épais.
Dans plusieurs systèmes, l'utilisation de l'isoloir est obligatoire alors que dans d'autres cas le choix de l'utiliser est laissé à l'électeur. Cette décision varie souvent selon qu'il s'agit d'un système à un ou plusieurs bulletins.
Par contre, l'utilisation obligatoire d'isoloirs est à recommander et d'une grande valeur pédagogique même dans des pays où la liberté du vote ne fait aucun doute. L'utilisation d'encre indélébile mentionnée plus haut est aussi à considérer comme mesure pouvant aider à sauvegarder le caractère démocratique d'une élection.
Les registres et dossiers qui contiennent les résultats et les incidents de parcours viennent compléter le matériel du vote. Ces documents revêtent une importance toute particulière dans le processus électoral étant donné que le compte officiel et l'assignation de sièges sont normalement fondés sur ces données et non directement sur le vote lui-même. (voir Clôture du vote )
C'est pourquoi, en plus du fait que dans la grande majorité des pays, ils seront complétés par des citoyens qui n'ont pas de connaissances électorales, il est absolument indispensable que les formulaires soient très simples et faciles à comprendre pour n'importe quel citoyen. Ce besoin est d'autant plus élevé que le développement culturel et social du pays est bas. Il est étrange de constater que ni les organismes électoraux ni les organismes internationaux qui observent les élections n'accordent l'attention que mérite cet aspect essentiel de l'exécution d'un processus électoral.
L'importance de ces registres découle aussi du fait qu'ils sont habituellement préparés au moins en duplicata et qu'ils doivent être expédiés à l'organisme électoral local par des méthodes spéciales afin de s'assurer qu'ils y seront disponibles lors du compte officiel pour lequel ils sont essentiels.