Les caractéristiques idéales d'un organisme électoral sont énoncées en détail dans Organisme électoral. En résumé, l'organisme électoral doit :
- se doter d'un caractère professionnel et indépendant du parti au pouvoir et des autres partis politiques;
- être perçu par tous comme étant neutre dans ses activités;
- être suffisamment efficace et disposer des moyens nécessaires; et
- être tenu de rendre compte à un organisme de contrôle indépendant et fiable, judiciaire ou autre.
Règle générale, exception faite des systèmes fédéraux dans les démocraties bien établies, plus il y a de méfiance politique envers les institutions ordinaires de l'État, moins elles sont en mesure de prendre des décisions. Et plus leur neutralité est mise en doute, plus l'organisme électoral se verra confier de pouvoirs. En tenant compte de ce point de vue, les divers types d'organismes électoraux peuvent être classifiés à l'intérieur des niveaux suivants selon une échelle de méfiance :
- certains pays confient l'administration du processus électoral à leurs institutions administratives centrales et locales, sans modifier les mécanismes de contrôle en place;
- certains, même lorsque leurs institutions exécutives et judiciaires sont en mesure de gérer le processus électoral, augmentent leur contrôle sur les activités du pouvoir exécutif en établissant un comité électoral doté de pouvoirs de contrôle mais non chargé de l'administration du processus électoral;
- certains confient l'organisation des élections à des organismes électoraux distincts qui demeurent sous le contrôle des institutions judiciaires;
- au plus haut niveau de méfiance, on retrouve le modèle des tribunaux électoraux qui non seulement se substituent à l'administration gouvernementale, mais assument toutes les fonctions d'un quatrième pouvoir d'État.
De façon générale, le modèle adopté par chaque législation électorale est fonction du degré de consolidation que leurs institutions démocratiques sont arrivées à réaliser. Dans les pays en transition, la pratique semble être de créer une commission électorale permanente dont les membres sont normalement nommés par le Parlement et certains appartiennent au pouvoir judiciaire. Les commissions électorales sont chargées de l'administration du processus électoral, mais leurs décisions peuvent être renversées par le pouvoir judiciaire.
Ces commissions sont donc des organismes ad hoc indépendants des autres pouvoirs d'État. Règle générale, elles fonctionnent adéquatement et facilitent la coopération internationale et le soutien financier pour l'amélioration du processus électoral, puisqu'elles sont perçues comme des organismes indépendants du gouvernement et qu'elles représentent équitablement les opinions politiques les plus importantes du pays.
De tels organismes peuvent cependant faire l'objet de doutes à des stades plus avancés de consolidation des systèmes électoraux, principalement à cause de l'insuffisance de leurs ressources. Les sections qui suivent en font un examen plus approfondi.