La structure de l'organisme électoral est l'une des composantes du processus électoral pour lesquelles il existe le plus vaste choix d'options. Il serait bien difficile de trouver deux organismes électoraux identiques. Par conséquent, il ne se trouve pas non plus de cas où deux organismes partagent un même cadre doctrinal. Et s'il s'en trouvait un, il serait fort probablement contestable et vraisemblablement incomplet.
Dans tous les pays, les organismes électoraux sont créés pour remédier à une déficience (ou à l'absence) de l'une ou des deux branches du gouvernement qui représentent la séparation des pouvoirs, l'exécutif et le législatif, face à une opération aussi complexe et politique qu'est une élection. Avant d'élaborer un processus électoral, tout système politique doit se poser les questions suivantes :
- existe-t-il une administration normale qui agit avec professionnalisme, neutralité et qui est suffisamment indépendante face au parti politique au pouvoir pour garantir le maintien de ces caractéristiques lorsque les pouvoirs de ce parti peuvent changer?
- le public et les partis politiques croient-ils fermement à la neutralité de leur administration et à sa capacité d'organiser les élections?
- présumant que l'administration publique est neutre, est-elle suffisamment efficace et dotée des moyens nécessaires pour mener une opération aussi complexe?
- le contrôle judiciaire normal peut-il à lui seul garantir un rendement adéquat de l'administration?
- le cas échéant, peut-il être chargé du contrôle des élections?
- le judiciaire manque-t-il de neutralité, dispose-t-il des moyens nécessaires pour exécuter ses fonctions dans les conditions requises pour conduire un processus électoral?
Idéalement, si un État pouvait répondre à ces six questions par l'affirmative, les organismes électoraux, tels que nous les connaissons aujourd'hui, ne seraient pas nécessaires.
Naturellement, cela ne signifie pas qu'ils n'ont pas besoin d'une administration électorale (tout comme les forêts et la santé nécessitent une administration quelconque), mais il n'y aurait pas lieu que cette administration requiert des compétences additionnelles pour traiter les éléments particuliers à une élection.
Il existerait, au sein de la branche exécutive, un organisme qui serait chargé des opérations électorales. Le contrôle, de nature non spécifique, de cet organisme serait assuré par des systèmes de contrôle traditionnels dans les pays démocratiques, soit par le parlement, le judiciaire, voire un ombudsman qui recevrait les plaintes des citoyens, peut-être même un mécanisme de contrôle par la télévision par l'entremise d'une commission parlementaire, etc. Et, bien entendu, une presse libre serait toujours prête à signaler les abus du pouvoir exécutif.
À l'autre extrême, si aucune des institutions mentionnées ne peut opérer adéquatement pendant la période critique d'une élection, il sera nécessaire de créer un organisme électoral qui pourra les remplacer tous. Il faudrait que ce soit un organisme qui détient des pouvoirs exécutifs et judiciaires, un organisme administratif et de contrôle, et indépendant au sens le plus large du mot.