L'Instruction du 1er janvier 1810 ayant servi de loi électorale pour l'élection de l'Assemblée constituante espagnole qui a rédigé la Constitution de Cadiz du 19 mars 1812, une des premières Constitutions libres du monde, reconnaît le suffrage actif et passif universel, égal et unique pour les hommes de 25 ans et plus, un fait inusité à l'époque.
Il s'agissait cependant d'un suffrage indirect de troisième échelon, selon la structure de l'État, par lequel les citoyens élisaient des délégués municipaux qui élisaient des délégués régionaux. Ces derniers finalement élisaient les représentants de l'Assemblée constituante. Ce système avait comme objectif conservateur de modérer les excès progressistes anticipés du suffrage universel accordé aux hommes et de donner naissance à un système de représentation par le biais de groupes d'élus eux-mêmes chargés de coordonner le choix parmi eux des élus du palier suivant.
Cette procédure d'élection par le biais de délégués a été éliminée d'une part par l'institution du suffrage universel maintenant sans restrictions et, d'autre part, par l'apparition et l'essor des partis politiques. L'effet de modération visé par le recours aux délégués s'est ainsi retrouvé dans un processus plus efficace.
Bien que le recours aux délégués existe encore aujourd'hui, en particulier aux États-Unis, il a perdu son sens original dans la mesure où les délégués sont élus en fonction de leur allégeance politique ou de leur préférence reconnue pour certains candidats à l'échelon supérieur. Ce système est maintenu strictement par tradition puisqu'en pratique les élections sont tenues par suffrage universel direct.
En d'autres termes, l'option entre élection directe ou élection par l'entremise de délégués ne s'offre plus aujourd'hui au législateur pour structurer le processus électoral et, par conséquent, ne constitue plus un élément du système électoral.