La comparaison traditionnelle entre démocratie directe et démocratie de représentation n'a plus sa raison d'être quand vient le temps de considérer le mode habituel d'expression de la volonté populaire. Comme système de base, la représentation étant de nos jours la seule forme concrète de démocratie, analyser son fonctionnement équivaut à analyser le fonctionnement de la démocratie elle-même.
Le degré de démocratisation d'un État donné devrait se mesurer avant tout en fonction de la représentativité de ses institutions et nullement par son recours aux mécanismes de démocratie directe. Ceux-ci ne peuvent constituer une alternative institutionnelle globale à la démocratie de représentation, mais tout au plus un complément à la représentation (voir Référendums et plébiscites et Révocation législative).
Même comme complément à la démocratie représentative, il faut évaluer ces mécanismes avec prudence. Dans une certaine mesure, il semblerait que lorsqu'ils sont utilisés dans un cadre constitutionnel adéquat, ils pourraient contribuer aux principes de représentation et de médiation par les partis politiques de par leur rôle dans la prise de décisions des électeurs. Toutefois, les gouvernements peuvent en abuser. En particulier, le référendum a souvent été utilisé pour des motifs personnels et pour contourner le Parlement. Ceci est surtout survenu sous des régimes totalitaires qui ont tenté de compenser l'absence d'un mécanisme d'élection représentative par des plébiscites dans des pays aussi différents que l'Espagne sous Franco, le Chili sous Pinochet, l'Algérie et même dans des régimes démocratiques comme la France sous le général De Gaulle.
Ces occasions semblent confirmer que les référendums qui ne sont pas prévus dans la Constitution représentent un aveu que les mécanismes de représentativité n'ont pas réussi à résoudre le problème et démontrent fréquemment des divergences entre le pouvoir exécutif et le Parlement, sinon entre le gouvernement et son propre parti politique.
D'autres mécanismes de démocratie directe ont aujourd'hui très peu d'influence et d'intérêt. Citons entre autres la révocation législative et le vote relié au programme électoral prévus dans la Constitution de la Colombie et dans certains États américains comme le Dakota du Nord et qui permettent à un certain nombre d'électeurs (40 % en Colombie) d'obliger la tenue de nouvelles élections si le programme pour lequel un représentant a été élu ne s'est pas réalisé.
En résumé, la démocratie représentative et la démocratie directe ne peuvent plus de nos jours être considérées comme des options opposées pour l'institution d'un système de gouvernement démocratique. Inversement, les éléments de démocratie directe devraient être considérés avec la plus grande prudence surtout dans les pays en démocratie de transition vu qu'ils sont contraires aux objectifs normaux de ces processus. Bien que les mécanismes institutionnels de prise de décisions doivent s'élaborer et les structures des partis politiques se consolider à l'intérieur de ces processus, les éléments de démocratie directe ont souvent été utilisés comme mécanismes totalitaires stériles.