Il existe diverses méthodes pour accomplir des projets d'inscription des électeurs. Plusieurs questions et préoccupations se présentent quelle que soit la méthode utilisée :
- le choix entre : liste périodique, liste continue ou registre d'état civil;
- la structure administrative;
- la planification de la logistique;
- la cueillette des données;
- les achats;
- l'infrastructure opérationnelle;
- les programmes d'éducation à l'électorat;
- la sélection et la formation des travailleurs;
- la mise en oeuvre d'un plan d'action;
- la compilation des données d'inscription;
- le stockage des données d'inscription;
- la production d'une liste électorale préliminaire;
- les stratégies de promotion;
- les changements aux listes préliminaires;
- les décisions sur les oppositions relatives aux listes préliminaires;
- la production des listes finales;
- la distribution des listes finales;
- le traitement des révisions aux listes en vue du vote anticipé.
Lorsqu'il s'agit de maintenir une liste continue ou un registre de l'état civil, on doit trouver des solutions à un certain nombre de ces préoccupations.
Gestion de la complexité de l'inscription des électeurs
En raison de la portée et la complexité de l'inscription des électeurs et de l'administration électorale, il est important de s'assurer que les cadres administratifs appropriés soient en place. C'est particulièrement vrai en ce qui concerne le processus d'inscription car il peut contribuer largement à faire accepter la légitimité des résultats de l'élection.
L'informatisation et l'inscription
Une grande partie du travail d'administration d'une élection consiste à recueillir, stocker, valider et mettre à jour des données sur l'identité des électeurs. Les gestionnaires électoraux commencent à compter sur l'informatisation pour gérer plusieurs processus. La justification est évidente et souvent irréfutable. L'informatisation offre aux gestionnaires électoraux la capacité de stocker en toute sécurité les données de différentes façons et, en particulier de modifier certains paramètres comme par exemple les limites des circonscriptions électorales en se référant aux fichiers informatiques sur la population électorale.
L'informatisation, une nouvelle orientation
Le contexte social, économique et politique peut rendre l'utilisation de l'informatique difficile, voire même impossible. Ce n'est pas pour cela qu'on ne peut pas mener des initiatives d'inscription qui produisent de bons résultats en fonction de critères d'exhaustivité et d'exactitude. Bien qu'aujourd'hui l'informatisation du processus d'inscription soit devenue la norme dans les démocraties qui connaissent un haut niveau de développement économique, cette tendance est récente et s'est développée au cours de la dernière génération, plus particulièrement dans la dernière décennie. Avant les années 1980 et 1990, les ordinateurs en tant qu'outils pouvant servir à l'inscription étaient beaucoup moins efficaces et abordables. Dans la mesure où ils sont disponibles et qu'il est pratique de les utiliser, les administrateurs électoraux en sont venus à la conclusion que les ordinateurs peuvent rendre le processus d'inscription plus efficace et moins coûteux.
De fait, les administrateurs électoraux d'aujourd'hui subissent des pressions grandissantes pour moderniser leur processus d'inscription, ce qui les incite à adopter des systèmes informatisés. Cette tendance est souvent le résultat d'attentes grandissantes face à la vitesse avec laquelle l'inscription doit se faire et la nécessité de produire des listes électorales de différentes façons (p. ex. par unités géographiques comme les sections de vote).
Les coûts élevés de l'informatisation
Il importe cependant d'apprécier à leur juste valeur les coûts de développement et de maintien de fichiers d'inscription informatisés. Ces coûts sont reliés non seulement au développement des programmes et à l'installation de l'équipement et des logiciels, mais aussi à la nécessité constante de les entretenir et d'acquérir de nouvelles versions des systèmes, sans compter la nécessité d'un personnel hautement qualifié. L'informatisation des fichiers d'inscription doit être évaluée sur la base des coûts et de l'efficacité ainsi que d'une appréciation réelle de la capacité de soutenir le système à long terme.
Préoccupations contradictoires au sujet de l'informatisation
Les administrateurs électoraux engagés dans le développement de registres des électeurs informatisés auront à se questionner sur les capacités réelles et sur l'utilisation de systèmes informatiques. Lorsque l'informatisation du registre a été discutée en Côte d'Ivoire, pays de l'Afrique de l'ouest, de nombreuses préoccupations ont été soulevées car l'informatisation telle que prévue aurait pu révéler les affinités politiques ou le groupe ethnique auquel appartenaient les électeurs.27 Au Brésil, on se demandait si l'informatisation permettrait à l'administration électorale ou au gouvernement de manipuler facilement les résultats de l'élection.28 D'autre part, un nombre d'Ivoiriens croyaient que les ordinateurs pouvaient corriger des erreurs d'entrée ou pouvaient corriger des falsifications ou des fichiers mal complétés.29 L'expérience des administrateurs électoraux au Brésil a montré qu'un projet-pilote bien publicisé peut faire cesser les malentendus.30
Partialité politique et pratiques frauduleuses
Un des empêchements majeurs au développement d'un système complet d'inscription des électeurs en Tunisie a été l'influence de la politique sur l'inscription. Il est de notoriété publique que les administrateurs électoraux excluent du registre les noms de ceux qui sont adverses à l'administration en place. Une équipe IFES chargée d'une évaluation préélectorale a recommandé en 1994 l'adoption d'une liste électorale continue et une plus grande centralisation du processus d'inscription.31