La question de l’accès aux bureaux de vote par les médias peut parfois créer des tensions – généralement non fondées.
Dans la plupart des cas, les médias ont surtout besoin d’un accès plutôt général – des extraits vidéo ou des photos de files d’attente d’électeurs, de personnes qui déposent leur vote, et ainsi de suite. Souvent les journalistes jouissent d’un certain degré d’accès qui n’est pas accordé au public en général. Parfois des personnes qui ne sont pas des électeurs se voient refuser l’accès aux bureaux de vote – une mesure destinée à minimiser l’intimidation de dernière minute – mais les journalistes et les observateurs qui peuvent présenter leur accréditation sont exemptés de cette mesure d’exclusion. Il faut cependant que les médias comprennent bien que, malgré ce privilège, ils sont assujettis aux mêmes restrictions légales que tout le monde. Par conséquent, ils ne peuvent rien faire à l’intérieur d’un bureau de vote (ou ailleurs) qui puisse constituer de l’intimidation ou de la pression sur le processus électoral. Il faut aussi que les journalistes comprennent bien que leur accès aux bureaux de vote est strictement contrôlé par le fonctionnaire électoral qui est responsable des lieux et qui doit donner son assentiment.
Il est d’une importance capitale que la politique précise sur l’accès des médias aux bureaux de vote soit communiquée à l’avance aux fonctionnaires électoraux responsables et aux médias eux-mêmes.
L’Institut électoral d’Afrique du Sud (http://www.eisa.lorg.za) a dressé une liste très utile de choses « à faire » et « à ne pas faire » pour les médias aux élections d’Afrique du Sud en 1999. Les travailleurs des médias pouvaient :
- présenter leur carte de presse au fonctionnaire électoral responsable du bureau de vote et du dépouillement des votes;
- prendre des photos et mener des entrevues avec le consentement du fonctionnaire responsable;
- faire partie d’un « pool de presse » (regroupement d’un grand nombre de journalistes qui veulent une photo ou une entrevue avec une personnalité et qui sont représentés par un petit nombre de journalistes).
Les lignes directrices soulignaient également que dans des endroits névralgiques certains électeurs pouvaient ne pas vouloir être photographiés ou interviewés.
Les travailleurs des médias ne pouvaient pas :
- compromettre le secret du vote et la bonne conduite de l’élection;
- publier de fausses informations dans l’intention de déranger ou d’empêcher l’élection;
- publier des informations qui inciteraient à l’hostilité ou à la crainte dans le but d’influencer les résultats des élections;
- publier de l’information susceptible d’influencer la conduite ou les résultats d’une élection;
- publier les résultats d’un sondage à la sortie des bureaux de vote pendant les heures de votation.
L’Institut électoral d’Afrique du Sud rappelait aussi un certain nombre d’interdictions générales qui s’appliquaient également aux travailleurs des médias, qui ne pouvaient donc pas :
- entraver l’indépendance et l’impartialité de la Commission électorale indépendante;
- inciter par la force ou la persuasion quelqu’un à s’inscrire ou à ne pas s’inscrire;
- inciter par la force quelqu’un à appuyer ou à ne pas appuyer un parti politique ou un candidat;
- participer à des activités politiques illégales;
- se faire passer pour un représentant ou un candidat d’un parti politique;
- prétendre travailler avec la Commission indépendante électorale;
- fournir de l’information sur la votation ou le dépouillement des votes, ou briser le scellé ou ouvrir une urne contenant du matériel de vote[1].
[1] Raymond Louw, A Handbook on the Media and Electoral Law, Electoral Institute of Southern Africa, Johannesburg, 1999.