Le professionnalisme des médias désigne la réalisation de la couverture médiatique et des activités s’y rapportant dans le respect de normes élevées en matière d’éthique, de redevabilité, de légalité et de crédibilité, tout en exerçant des droits tels que la liberté d’expression et d’information.
Le degré de professionnalisme dont font preuve les journalistes et leurs confrères, tout comme l’expérience qu’ils possèdent, constituent des éléments importants de l’environnement médiatique. Les journalistes des pays qui viennent tout juste de se libérer d’un système politique extrêmement autoritaire manquent souvent d’un grand nombre de compétences par rapport à leurs homologues des pays où la liberté des médias est établie depuis longtemps. De plus, de nombreuses normes professionnelles leur font défaut. L’expérience des journalistes qui ont connu un régime autoritaire n’est toutefois pas toujours entièrement négative. Dans de nombreux cas, le courage de journalistes indépendants a joué un rôle important pour inciter des régimes dictatoriaux à ouvrir l’espace politique. Les journalistes qui ont réussi à mener leurs enquêtes et à publier des sujets sensibles dans un tel environnement médiatique ont développé des compétences professionnelles que ne possèdent pas leurs confrères de pays pacifiques. Dans un contexte électoral, leur défi sur le plan professionnel constituera à mettre ces compétences à profit pour parvenir à couvrir des reportages sur des thèmes nouveaux, qui ne leur sont pas familiers.
La plupart des problèmes éthiques et professionnels auxquels les journalistes sont confrontés lorsqu’ils couvrent des élections se rapprochent de ceux qu’ils rencontrent dans leur travail de tous les jours. Cependant, ces problématiques et ces dilemmes peuvent prendre différentes formes pendant les élections.
Voici quelques exemples de dilemmes professionnels auxquels les journalistes risquent d’être confrontés :
- Intérêt journalistique / couverture équilibrée et approfondie : la couverture de l’actualité est généralement motivée par des critères liés au caractère unique ou remarquable de l’information et donc par l’intérêt particulier d’un événement. Toutefois, les électeurs ont besoin d’une présentation juste et équilibrée des manifestes et des programmes politiques des différents partis (qui sont parfois loin d’être différents ou intéressants). Comment les médias peuvent-ils concilier leur rôle journalistique et leur rôle en matière de service public ?
- Transparence / intégrité du processus électoral : dans une démocratie, les médias jouent un rôle essentiel dans la mesure où ils peuvent surveiller le processus et dénoncer les irrégularités électorales. Cependant, la sécurité et la confidentialité sont des aspects fondamentaux d’une administration électorale appropriée. Il est difficile pour les responsables des lois et des règlements électoraux d’établir un équilibre entre ces deux exigences, et les journalistes eux-mêmes sont confrontés à ce dilemme dans leur pratique quotidienne.
- Couverture des propos incendiaires : les responsables politiques ont tendance à prononcer des propos incendiaires et extrêmes pendant les campagnes électorales afin de toucher un large public. C’est la période où les propos de ce genre ont fréquemment des répercussions néfastes, mais aussi où l’expression d’idées politiques divergentes est la plus importante. Les décideurs politiques doivent dès lors trouver des réponses réglementaires à ce dilemme. Les journalistes quant à eux doivent parvenir à rapporter ces propos politiques incendiaires avec exactitude, en évitant le plus possible de jeter de l’huile sur le feu.
- Affectation de moyens pour la couverture électorale : plus qu’ailleurs, dans les pays en développement, les médias travaillent souvent avec des ressources réduites et les journalistes sont souvent faiblement rémunérés. Plusieurs problèmes éthiques découlent de cette situation pour les responsables des médias. Par exemple, quelle approche devrait être adoptée par un média dont le nombre de journalistes est insuffisant pour couvrir une élection ou dont le financement et les équipements de communication auxiliaires sont insuffisants ? Certains médias autorisent les journalistes à percevoir des indemnités journalières, des honoraires ou d’autres formes de rétribution matérielle pour couvrir une information. Ces indemnités sont parfois versées par un élu qui se représente ou un nouveau candidat, ce qui s’apparente en réalité à de la corruption et porte préjudice à une couverture médiatique indépendante en dépit de son caractère répandu.
Les pages suivantes examinent les aspects suivants du professionnalisme des médias :
- Codes de conduite
- Aspects légaux de la couverture électorale
- Exactitude de la couverture électorale
- Impartialité de la couverture électorale
- Responsabilité en matière de couverture électorale