La Banque mondiale fournit la définition suivante d’une infrastructure médiatique :
Une infrastructure médiatique opérationnelle est un pilier fondamental pour le reste du secteur des médias. Cela ne signifie pas nécessairement qu’il doit exister de nombreux systèmes de radiodiffusion sophistiqués ou d’autres systèmes d’information. Même dans les pays les moins développés, le secteur des médias peut être dynamique. En effet, dans certains pays en développement où il n’existe pas d’infrastructure de télécommunications traditionnelle, l’infrastructure de téléphonie mobile a permis à la population de rattraper plus rapidement son retard pour entrer dans l’ère de l’information. L’infrastructure ne se limite pas aux composantes traditionnelles des médias de radiodiffusion et de la presse écrite, mais peut comprendre le système de transport (pour livrer les publications), le système de télécommunications (qui converge rapidement avec le réseau câblé et de radiodiffusion pour former la colonne vertébrale de l’infrastructure d’information numérique), le réseau de distribution par câble et les autres réseaux, les pylônes de transmission du signal radio, l’infrastructure financière et même des volets sociaux institutionnels tels que l’alphabétisation et la culture de la communication dans le pays concerné.
Malgré l’existence de systèmes sophistiqués, certaines populations ne peuvent accéder à des informations et à des actualités fiables. Un programme complet de développement des médias devra tout d’abord évaluer les besoins en matière d’informations et d’actualités de la population concernée, puis recommander les améliorations d’infrastructure dont l’impact sera le plus important[i].
Le développement de l’infrastructure médiatique peut être coûteux et techniquement complexe. Les gouvernements, les organismes d’aide et les agences de développement des médias contribuent souvent à son établissement. La Banque mondiale fournit les recommandations suivantes à ce sujet :
- Entreprendre des projets d’infrastructure médiatique en consultation, selon le cas, avec les autorités, les groupes communautaires locaux, les médias qui exploiteront cette infrastructure et les autres parties concernées.
- Cette infrastructure peut englober à la fois des systèmes de transmission multi-utilisateurs mais également des stations et des studios individuels. La création d’un système de transmission peut nécessiter plusieurs consultations, notamment avec les autorités nationales à propos des lois et des règlements, avec les autorités locales à propos des problèmes d’utilisation des sols, avec les utilisateurs visés du système et avec la communauté locale (qui est le groupe le plus souvent écarté des consultations).
- Les programmes de construction d’infrastructures doivent tenir compte des réglementations régissant ces installations et planifier leurs répercussions, y compris les problèmes liés aux coûts et aux technologies.
- La planification des infrastructures devrait être établie à partie d’une analyse approfondie des besoins en interrogeant la communauté concernée à propos de questions centrales. De quelle manière la population s’informe-t-elle ? Quel est le mode de transmission d’informations qui bénéficie de la plus grande confiance et pour quelles raisons ? Quel type d’environnement réglementaire régit l’infrastructure prévue ? Quel type d’infrastructure médiatique sera le mieux adapté aux besoins actuels et futurs de la population et quelle sera sa véritable utilisation ? La planification peut, dans certains cas, prévoir la suppression de l’ancienne infrastructure (radiodiffusion/télécommunication traditionnelle) pour créer une infrastructure numérique.
- S’assurer que les institutions, les médias et la population locale pourront devenir propriétaires de l’infrastructure nécessaire et l’exploiter lorsque les bailleurs se retireront. Un nombre trop important de projets d’infrastructure médiatique sont mis en œuvre en partant du principe que leur transfert sera simple une fois que les bailleurs cesseront de contribuer à son entretien, alors que le contraire est plus courant. Il peut être nécessaire que les bailleurs forment du personnel clé et lui donnent les moyens de jouer un rôle de formation.
- Tenir compte des coûts hérités de l’infrastructure. Quels sont les coûts de fonctionnement permanents ? Quelles seront les mises à niveau requises à l’avenir et quels seront les investissements de capitaux supplémentaires requis pour ces mises à niveau ? Quelles évolutions réglementaires pourraient avoir une incidence sur l’infrastructure ? Quelle est la disponibilité locale des services et des pièces ? Il faut savoir que les équipements à la pointe de la technologie peuvent ne pas résister à l’épreuve du temps.
- Les projets d’infrastructure médiatique peuvent être des éléments vitaux et nécessaires du processus de développement des médias.
- Cependant, ils ne doivent pas être perçus comme un simple substitut aux investissements en faveur des éléments fondamentaux du développement des médias : développer les compétences professionnelles, soutenir la pérennité des médias, promouvoir un environnement propice et apporter un soutien en faveur de l’éducation aux médias de la société civile. L’infrastructure médiatique n’est pas totalement indépendante de l’économie politique du système médiatique. Les facteurs qui ont une incidence sur l’indépendance du secteur des médias englobent également son infrastructure. Dans la mesure du possible, il est recommandé d’appuyer les initiatives indépendantes vis-à-vis de l’infrastructure en ce qui concerne sa gestion et sa propriété.
- Dans certains cas, les investissements dans une infrastructure d’un bailleur peuvent procurer un avantage extrêmement important à un ou deux médias. Même si cela n’est pas toujours nécessairement une mauvaise chose, les bailleurs doivent posséder une compréhension approfondie des répercussions de leurs investissements sur la situation politique et sur le marché[ii].
[i] « Developing Independent Media as an Institution of Accountable Governance; A How-To Guide », Washington DC : Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale, 2011, p. 7, http://issuu.com/world.bank.publications/docs/9780821386293
[ii] Ibid, p. 8