Parmi les médias traditionnels (presse écrite et radiodiffusion), la presse écrite est la plus diversifiée, à la fois par sa propriété et son contenu. Elle compte aussi bien des quotidiens que des journaux hebdomadaires, des magazines d’actualité ou encore un éventail de publications spécialisées. La presse écrite comprend également des publications ponctuelles, telles que des prospectus et des brochures. De tous les médias de masse, la presse écrite constitue également le média le plus ancien, du fait des textes écrits sur de la pierre, des tissus ou du papier.
Dans le monde d’aujourd’hui, les lecteurs de la presse écrite sont moins nombreux que les utilisateurs d’autres formes de médias de masse, notamment en raison des niveaux d’alphabétisation, d’accès et de richesse. La simple préférence de chacun y contribue également. En chine par exemple, – où a vu le jour la première presse écrite connue – une évaluation réalisée en 2009 a établi que 81,5 % de la population était alphabétisée. Les publications quotidiennes et non quotidiennes étaient tirées à 202 exemplaires pour 1 000 personnes, soit environ 20 %, alors que le nombre de postes de radio et télévision oscillait autour de 32 et 31 % respectivement[i]. Une autre évaluation a estimé que le nombre de radios et de télévisions représentait plus du double du nombre de journaux quotidiens et non quotidiens[ii]. Bien entendu, ce type d’évaluation ne tient pas compte du nombre de personnes qui lisent une publication imprimée, ou du nombre de personnes qui écoute un poste de radio ou regarde un téléviseur. Toutefois, il ressort clairement des différents angles des statistiques du monde entier que l’on peut supposer que le nombre de personnes qui écoutent la radio ou regardent la télévision est supérieur au nombre de gens qui lisent une publication.
Cela ne signifie pas toutefois que la presse écrite est moins précieuse, ni moins nécessaire pour le pluralisme d’ensemble du paysage médiatique. Historiquement, la presse écrite est un média privé, plutôt qu’un média gouvernemental ou public ; elle est donc moins susceptible d’être considérée comme partiale (selon le contexte propre à chaque pays). En outre, la presse écrite bénéficie dans un sens d’une plus grande longévité, car elle existe pendant des périodes plus longues. Les consommateurs de presse écrite choisissent également uniquement ce qu’ils souhaitent lire, contrairement à la radio et à la télévision où le public peut parfois être exposé à des informations supplémentaires et non souhaitées. Les informations reçues par les consommateurs en raison de l’intérêt qu’ils leur portent peuvent être plus facilement retenues que les informations non souhaitées. De plus, un certain nombre d’études ont montré que dans de nombreux contextes, même si le nombre de lecteurs est inférieur à celui des téléspectateurs, les journaux définissent l’actualité en termes de sujets et de débats pour les autres médias – et pour les hommes et femmes politiques. Cela peut être dû au fait que la presse écrite peut souvent se permettre d’approfondir davantage ses sujets. Cela peut également s’expliquer par le profil plus « sérieux » de la presse écrite par rapport aux autres formes de médias, les habitudes des hommes et femmes politiques quant à l’utilisation des médias et les hypothèses émises par ces derniers sur le pouvoir des journaux[iii] [iv]. Cette influence est sans doute en train de changer avec la nouvelle révolution médiatique, mais cela reste probablement toujours vrai dans une certaine mesure.
[i] « China Basic Data », Press Reference, consulté le 24 août 2012, http://www.pressreference.com/Be-Co/China.html
[ii] « Asia > China > Media », NationMaster, consulté le 24 août 2012, http://www.nationmaster.com/red/country/ch-china/med-media&all=1
[iii] Stefaan Walgrave et Peter Van Aelst, « The Contingency of the Mass Media’s Political Agenda Setting Power: Toward a Preliminary Theory », Journal of Communication vol. 56 (2006), p. 92, http://www.m2p.be/publications/00101132.pdf
[iv] « Les journaux, du moins en Belgique dans les années 1990, semblent davantage sur la définition de l’actualité politique que les actualités télévisées. Cela ne signifie bien évidemment pas que la télévision ne compte pas. Mais nos résultats suggèrent l’importance du contenu des journaux dans l’étude empirique de la définition de l’actualité par les médias de masse. Aujourd’hui, la Belgique n’est pas un pays « centré sur la télévision », comme les États-Unis par exemple, et les journaux sont un important forum pour le débat public et politique. Dans des pays comme les États-Unis, les incidences de la télévision pourraient s’avérer plus importantes. Nous pressentons néanmoins que les journaux possèdent certaines qualités intrinsèques qui les rendent plus enclins à définir l’agenda politique dans les démocraties postindustrielles. » Tel qu’indiqué dans : Stefaan Walgrave, Stuart Soroka et Michiel Nuytemans « The Mass Media’s Political Agenda-Setting Power: A Longitudinal Analysis of Media, Parliament, and Government in Belgium (1993 to 2000) »,Comparative Political Studies vol. 41 (2008), p. 814, publié initialement en ligne le 17 septembre 2007, http://www.m2p.be/index.php?page=publications&id=56