Traditionnellement, les élections font l’objet d’une couverture dont le mode de transmission des informations est descendant (de haut en bas). Cela signifie que les médias mettent généralement l’accent sur le relais d’informations et, dans certains cas, sur l’analyse des programmes, des promesses et des discours des partis et des candidats. Les électeurs, qui sont les destinataires de ces messages transmis par les médias, font leurs choix électoraux en conséquence. Cependant, cette couverture peut prendre d’autres formes. L’approche descendante est de plus en plus remise en cause ou contrebalancée par d’autres approches grâce aux avantages et à la diversité des nouveaux médias, y compris via une couverture d’informations diffusées par des agences de presse établies et les citoyens eux-mêmes (en utilisant des blogs, Twitter et d’autres sites de réseaux sociaux).
La couverture médiatique de bas en haut porte également le nom de « couverture médiatique représentant la voix de l’électeur » (expression créée par l’Institute for Media Policy and Civil Society ou IMPACS) ou de « journalisme citoyen ». Elle est axée sur les préoccupations des citoyens pendant les élections plutôt que sur les programmes des responsables politiques ou des candidats et vise deux objectifs :
- montrer aux responsables politiques les véritables préoccupations des électeurs ;
- montrer aux électeurs dans quelle mesure les responsables politiques répondent à leurs préoccupations.
Selon l’IMPACS, pour passer d’une approche descendante à une approche ascendante, les journalistes devraient analyser la situation du point de vue des gens ordinaires et non pas du point de vue des responsables politiques, afin de connaître les préoccupations des électeurs qui peuvent souvent être très locales et jugées indignes de couverture selon les critères traditionnels de journalisme. L’IMPACS fait observer que la tâche du journaliste est alors généralement plus difficile, car il peut être nécessaire de se déplacer et d’interroger des électeurs, tout en assistant aux conférences de presse et aux rassemblements politiques. De plus, le journaliste doit effectuer des travaux de recherche importants à propos de ces préoccupations.
Cependant, les nouveaux médias ont grandement facilité l’accès des médias traditionnels aux « messages » du grand public et ont permis à ces médias d’enquêter plus facilement à propos de celui-ci et de ses opinions, tout en nouant des liens. Ils ont également permis d’améliorer la capacité de ces médias traditionnels à promouvoir les échanges entre les candidats et les citoyens. Mais, plus important encore, les nouveaux médias ont permis au grand public de se passer totalement des médias traditionnels et de créer ses propres forums de discussion, de dialoguer, de s’organiser, d’exercer des pressions, etc., à propos de problèmes qu’il juge important[i].
[i] Ross Howard, « Les médias et les élections – Un manuel de reportage sur les élections », IMPACS Associate, 2004, p. 20-22