Le modèle mixte de gestion électorale présente généralement une structure duale et deux types de composantes :
- un OGE indépendant du pouvoir exécutif (comme pour les OGE de modèle indépendant) prend en charge les politiques, le suivi ou la supervision ;
- l’autre OGE, placé sous la direction d’un ministère et/ou d’une collectivité locale (comme pour les OGE de modèle gouvernemental), s’occupe de la mise en œuvre du processus.
Dans le modèle mixte de gestion électorale, les élections sont organisées par l’OGE, composante gouvernementale, sous un certain degré de supervision de l’autre OGE, composante indépendante. Ce modèle est utilisé en Espagne, en France, au Japon et dans de nombreuses anciennes colonies françaises, en particulier en Afrique de l’Ouest, par exemple au Mali et au Sénégal.
Les pouvoirs, les fonctions et la solidité de l’OGE, composante indépendante, comparés à ceux de l’OGE, composante gouvernementale, varient beaucoup d’un exemple à l’autre. Ainsi, la classification d’un pays donné comme relevant du modèle mixte n’est parfois pas très claire. Par le passé, l’OGE, composante indépendante, a parfois organisé une opération qui s’apparentait à un peu plus qu’une observation officialisée, bien que cette version soit en voie de disparition. Elle a ainsi été abandonnée au Sénégal. Dans d’autres cas, l’OGE, composante indépendante, supervise et contrôle la mise en œuvre des scrutins par l’OGE, composante gouvernementale, comptabilise les votes et transmet les résultats, comme c’est le cas en République du Congo. Dans certains pays francophones, le Conseil constitutionnel prend part à la comptabilisation des votes et à la proclamation des résultats et peut donc être considéré comme un OGE, composante indépendante du modèle mixte. Au Tchad, cette configuration s’applique uniquement aux référendums, pas aux élections. Au Mali, où les élections sont organisées par le ministère de l’Administration territoriale , ce sont la Commission électorale nationale indépendante et la Cour constitutionnelle qui sont chargées de la comptabilisation des votes. Le pays dispose donc de trois composantes (une gouvernementale et deux indépendantes).
L’enquête sur la gestion électorale menée en 2014 par IDEA international dans 217 pays et territoires montre que 63 % utilisent le modèle indépendant, 23 % le modèle gouvernemental et 12 % le modèle mixte. Les 2 % restants correspondent à des pays qui n’organisent pas d’élections nationales.
Dans le modèle mixte, les rapports entre les différentes composantes ne sont pas toujours clairement définis par la législation ou la pratique, ce qui peut entraîner des tensions. Lors des élections de 1999 en Guinée (qui, à l’époque, utilisait le modèle mixte), les représentants de la majorité et de l’opposition au sein de l’OGE, composante indépendante, avaient des approches contradictoires quant à son rôle de supervision et de contrôle des élections. En conséquence, l’efficacité de l’OGE avait été vivement contestée.