La responsabilité de l’information des électeurs, et plus généralement de leur éducation civique ou démocratique, incombe de plus en plus souvent aux OGE. Certains cadres juridiques leur confient clairement cette fonction (p. ex. Afrique du Sud, Bhoutan, Cambodge, Kenya, Lettonie, Lituanie, Singapour, Thaïlande, Tonga), contrairement à d’autres (Suède, entre autres). Dans certains cas, ils ont des attributions plus vastes, visant à promouvoir les valeurs démocratiques (Costa Rica), le processus démocratique (Lesotho), la finalité des élections (Ghana) ou la citoyenneté active (Costa Rica). Les actions d’éducation ciblent souvent des groupes peu enclins à voter ou dont la participation est compliquée. Au Népal, l’OGE a créé un centre d’apprentissage inspiré de ceux ouverts par son homologue australien. Au Costa Rica, l’Institut de formation et d’études sur la démocratie (Instituto de Formación y Estudios en Democracia) fondé par l’OGE a pour mission de mener des recherches dans ce domaine, de seconder le système éducatif et d’intégrer les nouvelles technologies dans son travail.
Il est préférable que le cadre juridique des OGE prévoie une fonction d’éducation et d’information des électeurs, car celle-ci est indispensable à la consolidation démocratique, en particulier dans les démocraties émergentes. Il est important que le cadre juridique habilite l’OGE à prendre en charge les campagnes d’éducation et d’information des électeurs afin de consolider la démocratie, car le gouvernement pourrait hésiter à financer des activités qui ne font pas partie du mandat officiel de l’OGE.
Toutefois, il serait préjudiciable d’octroyer à un OGE ou à tout autre organisme le droit exclusif d’instruire et d’informer les électeurs, ou le pouvoir de restreindre les organismes chargés de cette responsabilité. L’éducation et l’information des électeurs sont trop importantes, et leur mise en œuvre trop complexe, pour être exclusivement confiées aux OGE. Les partis politiques, la société civile, les grandes entreprises et les administrations telles que le système éducatif peuvent jouer un rôle complémentaire majeur pour garantir que les électeurs disposent de toute l’information dont ils ont besoin pour faire des choix éclairés. Les responsabilités des OGE en matière d’éducation et d’information des électeurs peuvent être partiellement ou entièrement déléguées à d’autres institutions, y compris des OSC. Au Ghana, par exemple, l’OGE est chargé de l’information aux électeurs, tandis qu’une commission apparentée s’occupe de l’éducation civique. En Thaïlande, il est autorisé à déléguer l’éducation et l’information des électeurs à des organismes privés, et son homologue libérien a publié des lignes directrices pour les organisations non gouvernementales (ONG) s’investissant dans l’éducation civique.
Les OGE ont pour responsabilité intrinsèque de s’assurer que leur fonctionnement et leurs activités profitent à tous les citoyens. Cela suppose naturellement que les campagnes d’information des électeurs ciblent les groupes ayant l’habitude de rencontrer des difficultés particulières ou plus importantes pour accéder aux informations concernant leurs droits et libertés démocratiques de base, tels que le droit de voter et le droit d’être élu. Dans un grand nombre de sociétés, les femmes sont traditionnellement victimes d’exclusions de ce genre. Les campagnes d’information des électeurs sont un outil très important pour supprimer les obstacles à la participation politique et à la représentation des femmes. Au Sénégal, en 2011 et 2012, après l’adoption de dispositions importantes sur la parité hommes-femmes dans la législation électorale, la Commission électorale nationale a organisé une série d’activités avec le soutien de différents partenaires nationaux et internationaux. L’objectif était de faire connaître ces nouvelles dispositions aux candidates potentielles et aux représentants des partis politiques chargés de surveiller les processus de déclaration et d’enregistrement des candidatures.