Le recours aux TIC pour l’inscription des électeurs peut donner lieu à controverse pour plusieurs raisons. L’exactitude des registres électoraux constitue souvent une question litigieuse et la mise à niveau des technologies pourra être considérée comme une solution à ce problème. Cependant, l’inscription des électeurs est un exercice onéreux et de grande ampleur et le recours accru aux TIC coûte cher. La pérennité des approches de haute technologie peut susciter le doute, notamment lorsqu’elles nécessitent un financement important des donateurs ou lorsque l’inscription a pour but principal de créer un registre unique pour une élection à venir et non un système permanent de mise à jour continue de la liste électorale.
La complexité opérationnelle et le coût de l’inscription des électeurs dépendent avant tout de la méthode de création et de tenue à jour des listes électorales. Si les OGE sont en mesure de partager les données avec d’autres organismes administratifs et de baser la liste électorale sur des registres démographiques existants (par exemple, système de carte d’identité nationale, données d’état civil), ils déploient beaucoup moins d’efforts techniques que s’ils devaient compiler eux-mêmes les données relatives aux électeurs. Pour être utilisés à des fins électorales, les registres démographiques doivent être tenus à jour par une institution de confiance, utiliser des données de grande qualité, posséder un taux élevé de déclarations (avec de nombreuses raisons de se déclarer et peu de ne pas le faire) et contenir toutes les informations sur les citoyens détenteurs du droit de vote requises par le processus électoral. Si ces conditions sont remplies, il est possible d’extraire du système, automatiquement et à peu de frais, une liste électorale d’une grande précision.
Si le partage des données avec d’autres administrations n’est pas possible et que les OGE doivent se charger eux-mêmes de l’inscription des électeurs, les coûts seront beaucoup plus élevés car ils devront faire appel à un système qui touche tous les citoyens et saisit ou actualise les informations personnelles de tous les électeurs. La solution la plus simple dans ce cas consiste à se contenter d’une inscription papier. Cependant, les données de l’inscription papier des électeurs s’avèrent souvent insuffisantes : leur qualité est parfois médiocre, le recoupement des informations et les mises à jour efficaces de la liste ne sont pas possibles et il est difficile, voire impossible, de créer ou de publier des listes cumulées pour de grandes régions ou tout un pays. Les réclamations suscitées par des inexactitudes dans la liste seront difficiles à vérifier.
Le recours à des formulaires d’inscription papier lisibles par des machines constitue l’échelon supérieur de l’échelle technologique et, en général, la méthode de saisie électronique des données la moins onéreuse. Les données peuvent être collectées à partir de formulaires à lecture optique (OMR) remplis à la main qui sont ensuite numérisés aux fins d’inclusion dans une base de données électronique. Ce type de système présente plusieurs inconvénients : absence de contrôle de l’intégrité des données lors de leur saisie, absence de retour quant à d’éventuels problèmes sur le lieu d’inscription, difficulté à corriger les données erronées ou à insérer les données manquantes découvertes pendant la numérisation, ou encore erreurs découlant de formulaires mal remplis.
L’utilisation de systèmes électroniques sur le lieu de l’inscription constitue l’étape technique supérieure suivante. Sous leur forme la plus simple, les systèmes d’inscription électroniques sont des systèmes hors ligne qui ne recueillent que les informations personnelles de la personne qui s’inscrit. Ils peuvent suffire si les citoyens sont en mesure de fournir des documents d’identité fiables à l’appui de leurs dires. Dans ce cas, il faut pouvoir contrôler la présence de doublons et valider les données localement. Les plans de sauvegarde des données sur le lieu d’inscription doivent être exhaustifs car il sera impossible de restaurer les informations perdues.
Les systèmes d’inscription en ligne requièrent des connexions de données sur tous les sites d’inscription. Ils peuvent contrôler immédiatement les données de la personne qui s’inscrit en les comparant à la liste électorale intégrale ainsi que détecter les inscriptions en double et y remédier. Ils peuvent télécharger directement les informations dans des bases de données centrales, ce qui limite le risque de perte de données sur les sites d’inscription.
La collecte de données d’inscription la plus exhaustive comprendra la saisie d’informations biométriques telles que les empreintes digitales ou la reconnaissance du visage ou de l’iris. Le coût de ce type de système est plus élevé parce qu’il faut disposer d’un équipement de saisie des données pour chaque système d’inscription et parce qu’il requiert des capacités de traitement plus complètes pour assurer le stockage et la comparaison des données biométriques. En l’absence de papiers d’identité fiables, la difficulté à établir l’identité des personnes qui s’inscrivent justifie en général le coût additionnel de la mise en place de tels systèmes.