La pérennité des OGE peut être abordée par le biais d’une évaluation approfondie des besoins permettant au pays de procéder à l’état des lieux de ses capacités présentes en matière de gestion électorale et de déterminer les ressources financières, humaines et technologiques requises pour organiser et conduire des élections libres, équitables et crédibles. Cet exercice peut être mené par les OGE eux-mêmes, mais dans certains cas il gagnera en crédibilité s’il est confié à un cabinet d’audit privé ou à une ONG indépendante. En général, les donateurs effectuent également ce type d’évaluation dans le cadre de la planification de leurs programmes d’aide.
L’identification des besoins peut présenter des aspects complexes et n’est pas toujours aisée. Les OGE désireux d’évaluer eux-mêmes leurs besoins ne posséderont peut-être pas l’expérience nécessaire pour anticiper les défis à relever et pourront manquer de l’objectivité et du détachement requis pour déceler et admettre les faiblesses de leur structure ou de leurs performances. Les conclusions des évaluateurs externes pourront être entachées par leurs objectifs propres et/ou leurs préjugés personnels ou organisationnels. Les donateurs, quant à eux, pourront avoir tendance, consciemment ou non, à identifier les besoins qui seront satisfaits par des solutions qu’ils peuvent fournir. Plus largement, l’expression « évaluation des besoins » pourra donner l’impression qu’il existe a priori des besoins auxquels il conviendra de répondre.
En outre, toute identification de « besoins » est susceptible de sous-entendre des jugements de valeur et d’impliquer une évaluation des risques de l’inaction. Il s’agit là de questions sur lesquelles même des experts pourraient à juste titre ne pas être d’accord. Dans certains cas, l’évaluation des besoins risque d’être utilisée pour servir des objectifs extérieurs ou mettre à mal des opposants bureaucratiques.
Elle peut permettre d’identifier les éléments de la pérennité des OGE à trois niveaux : systémique, organisationnel et individuel. Basée en principe sur une analyse de l’environnement électoral par des experts, elle en identifie et en étudie les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces.
L’évaluation des besoins au niveau systémique porte, au sens large, sur les questions relatives au contexte juridique et institutionnel des élections, et vise à déterminer la mesure dans laquelle celui-ci favorise ou entrave la pérennité des OGE. Elle examine tous les aspects du cadre juridique et politique liés aux élections, ainsi que les fonctions des OGE et les relations avec les parties prenantes qui en découlent. Les principaux textes juridiques passés en revue sont la constitution, les lois traitant directement des processus électoraux, les lois relatives aux partis politiques et celles portant sur les cadres institutionnels ainsi que les politiques administratives et règlements connexes. L’évaluation pourra avoir à s’intéresser à des aspects du cadre juridique indirectement pertinents, tels que la législation sur la citoyenneté, le code pénal, les lois ou politiques d’emploi du secteur public ou bien encore les règles et pratiques d’achat du gouvernement. Elle pourra également se pencher sur les liens et les rapports des OGE avec d’autres organismes, tels que le ministère de tutelle dans le cas des OGE gouvernementaux, les ministères qui leur dispensent un appui financier et logistique, les associations locales et internationales, ainsi que les organismes constituant le réseau de soutien et de partage des ressources des OGE.
Au niveau organisationnel, l’évaluation des besoins s’intéresse aux stratégies et à la culture de gestion des OGE, ainsi qu’à leurs processus de planification, d’élaboration et d’application des politiques, leur structure d’encadrement, la répartition des rôles et des responsabilités, la communication et la coopération, et enfin les normes en matière de reporting financier et de performances du personnel. Elle aide les OGE à calculer la quantité de ressources requise pour organiser un scrutin spécifique. Les OGE sont ensuite en mesure de déterminer le pourcentage que le budget national pourra couvrir et, le cas échéant, le montant à se procurer auprès d’autres sources. L’évaluation peut également examiner la nature et le degré de l’assistance technique requise.
Au niveau individuel, l’évaluation des besoins porte sur des questions telles que la compétence du personnel, ses opportunités de développement et son adhésion aux objectifs et aux missions de l’OGE.
L’existence de rapports d’évaluation des besoins crédibles couvrant plusieurs années permet de faire apparaître une image complète des capacités des OGE et d’évaluer leur pérennité avec davantage d’exactitude.