La majorité des OGE sont habilités à élaborer des règles, règlements et décisions contraignantes pour tous les acteurs du processus électoral (électeurs, partis politiques, candidats, médias et observateurs), sous réserve qu’elles soient conformes à la constitution et aux lois électorales. Ces dernières peuvent limiter les pouvoirs à certains aspects du processus électoral, ou au contraire octroyer aux OGE une autorité réglementaire d’ordre général.
Certains OGE jouissent de pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Par exemple, la création d’OGE puissants s’est avérée nécessaire pour atténuer la prépondérance de l’exécutif sur les autres branches du pouvoir dans les gouvernements oligarchiques d’Amérique latine. Dans des pays tels que le Costa Rica et l’Uruguay, ils sont devenus le quatrième pouvoir de l’État. Ces OGE peuvent émettre des règlements, des directives et des révisions réglementaires, lesquels sont contraignants pour les processus électoraux, sans que leurs décisions puissent être contrôlées par une autre branche. Ils disposent également de pouvoirs exécutifs leur permettant de convoquer et de conduire des élections, d’en valider ou annuler les résultats et de trancher les contentieux électoraux.
Dans d’autres régions du monde, les OGE ont un pouvoir d’investigation et d’application des lois relatives à la conduite des élections. Au Bhoutan, l’OGE a les compétences d’un tribunal, et en Thaïlande, celles d’un organisme d’application des lois. En Bosnie-Herzégovine et au Liberia, il peut imposer la comparution de témoins lors d’une enquête. Aux Philippines et en Russie, l’OGE est tenu d’enquêter sur les allégations d’infraction aux lois électorales. Au Canada, il est habilité à enquêter sur les infractions éventuelles, mais il délègue généralement cette compétence à la police.
Les OGE libérien, mexicain et portugais peuvent infliger des amendes. En Thaïlande, l’OGE peut condamner les auteurs d’infractions aux lois électorales. En Bosnie-Herzégovine, il peut infliger des sanctions civiles en cas de non-conformité à la réglementation, mais il doit au préalable chercher à rétablir le respect de la loi. Son homologue canadien peut conclure un accord de conformité avec toute personne ayant enfreint ou étant sur le point d’enfreindre la loi électorale. En Afrique du Sud et au Cambodge, les OGE sont habilités à examiner et à trancher les contentieux administratifs ou les litiges qui ne relèvent pas nécessairement de la compétence des tribunaux. Dans de nombreux autres pays (Australie, Bhoutan, Tonga, Ukraine, par exemple), ils font appel à la police en cas de violation présumée de la loi électorale.
La majorité des OGE sont dotés de compétences de nature essentiellement exécutive en rapport avec la mise en œuvre des activités électorales. Dans de nombreux pays (p. ex. Afrique du Sud, Bhoutan, Cambodge, Ghana, Liberia, Russie, Thaïlande, Tonga, Zambie), ils peuvent élaborer des règlements contraignants et imposer des sanctions en cas de non-respect. Les règlements qu’ils édictent, soumis à l’examen des tribunaux, doivent être conformes à la législation électorale. En Afrique du Sud, ce contrôle est exercé par une cour électorale.
Dans certains pays, les pouvoirs des OGE s’étendent au choix des dates de scrutin, en fonction de paramètres établis par la loi qui sont souvent liés à une période définie par la fin du mandat de l’organe élu. Lorsque les mandats des pouvoirs législatif et exécutif sont fixes, l’OGE est chargé d’arrêter officiellement la date du scrutin. En Inde, il est habilité à élaborer le calendrier électoral et à publier le décret de convocation des électeurs. En Russie, il peut convoquer une élection si le pouvoir législatif ne l’a pas fait. La plupart des OGE sont habilités à ordonner l’organisation d’un nouveau scrutin ou d’un nouveau décompte des voix si la loi n’a pas été respectée sur un site donné. En Indonésie, par exemple, les commissions électorales des collectivités locales peuvent procéder ainsi pour des bureaux de vote individuels ; en Namibie, l’OGE peut ordonner l’organisation d’un nouveau scrutin en cas de violence ou de situation d’urgence. Dans certains cas, comme au Bhoutan, en Thaïlande, en Uruguay et en Zambie, les OGE ont également ce pouvoir si une élection ne s’est pas déroulée de manière équitable et juste conformément à la loi.
Toutefois, beaucoup d’OGE n’ont aucune influence sur la date des élections. Aux États-Unis et au Mexique, régimes présidentiels dont les Constitutions respectives prévoient la séparation des pouvoirs législatifs et exécutif, les élections se déroulent à date fixe. En revanche, dans les pays dotés d’un système parlementaire suivant le modèle de Westminster, le mandat du gouvernement dépend de son aptitude à conserver le soutien de la majorité des membres de l’assemblée législative. Le pouvoir de convoquer des élections peut appartenir, par usage ou selon la loi, au chef du gouvernement, qui peut l’utiliser à son avantage. Même lorsque le gouvernement est habilité à fixer la date de scrutin, il est arrivé, comme au Népal en 2007 et en 2012, que l’OGE réussisse à faire reporter la date initialement fixée par le gouvernement.