Dans certains pays, le cadre juridique électoral exige que l’inscription des électeurs sur les listes électorales soit liée à un système national d’identification ou d’état civil contrôlé par une autre autorité que l’OGE (par exemple Colombie, Hongrie, Pays-Bas, Roumanie, Suède). Cette démarche est alors un acte purement administratif. En cas de litige, par exemple si une personne est soupçonnée de s’être inscrite alors qu’elle n’est pas habilitée à voter, ou si elle estime avoir été exclue par erreur des listes électorales, c’est l’OGE qui doit statuer sur l’admissibilité de l’électeur et non le service d’état civil. Dans d’autres pays, un autre organisme est chargé par la loi électorale de créer et de compiler les listes électorales. En Espagne, c’est au Bureau de recensement électoral de l’Institut national des statistiques qu’incombe cette tâche et, dans des pays comme la Moldavie et la République de Corée, les autorités locales préparent les listes électorales pour l’OGE indépendant.
Quel que soit le mode de compilation employé, le principal est que les données des listes électorales soient exactes et crédibles. Si l’inscription des électeurs est effectuée par un OGE relevant du modèle indépendant, les listes électorales bénéficieront d’une plus grande crédibilité auprès du public que si elles étaient créées ou compilées par un ministère, même si l’utilisation des registres d’état civil ou des données d’un système d’identification existant peut être plus rentable. Quelle que soit l’institution qui les prépare, un OGE doit s’assurer de l’exactitude des listes électorales utilisées dans les bureaux de vote.
Au Costa Rica et en République dominicaine, l’OGE est chargé de créer la liste civique. Au Bangladesh et au Guyana, il lui incombe de délivrer les pièces d’identité et les cartes d’électeur nationales. Cette méthode a bien fonctionné pour ces deux pays et a considérablement facilité la compilation et la tenue des listes électorales pour l’OGE. Des mesures de contrôle de qualité relatives à l’inscription des électeurs, qui peuvent prendre la forme de consultations ouvertes au public, sont fréquemment intégrées aux lois électorales. En Afrique du Sud, comme dans de nombreux pays développés dotés de registres électroniques, l’OGE compare régulièrement les données de ses listes électorales avec celles du registre de la population afin d’identifier les électeurs non habilités à voter ou « fantômes », et de les radier.
L’un des points les plus importants d’un processus d’inscription des électeurs efficace consiste à s’assurer que tous les électeurs admissibles, hommes ou femmes, ont le droit de voter et ont accès aux informations et aux infrastructures leur permettant de s’inscrire. La planification et l’administration du processus d’inscription des électeurs doivent impérativement offrir aux femmes le même accès aux informations et aux infrastructures pour garantir leur droit au suffrage universel et égalitaire. Il est possible d’atteindre cet objectif par le biais de stratégies telles qu’un processus d’inscription actif, dans lequel l’OGE doit contacter les électeurs potentiels et les aider à s’inscrire par le biais d’un porte-à-porte ou d’autres procédures de démarchage auprès de grandes catégories de la population. Il est également possible d’organiser une vaste campagne d’information des électeurs relative au processus prévu pour l’inscription électorale, afin d’en expliquer les principes démocratiques et juridiques fondamentaux aux membres de communautés ou de groupes ruraux ou traditionnellement marginalisés, ou dans les contextes où les femmes sont confrontées à des obstacles d’origine sexiste limitant leur participation aux processus sociaux et politiques.