La conformité avec le cadre législatif, notamment le respect de la réglementation, des procédures et des manuels électoraux, est la base même du professionnalisme d’un organisme de gestion électorale (OGE). L’expression « administrateur électoral professionnel » exige des compétences dépassant celles associées aux qualifications techniques ou administratives propres à un domaine spécifique. Il faut également :
- comprendre les stratégies de renforcement du développement démocratique ;
- adhérer aux principes qui sous-tendent les bonnes pratiques électorales ;
- s’engager à fournir des services électoraux de qualité à toutes les parties prenantes.
Des références professionnelles adaptées ainsi qu’une expérience de gestion et une expérience technique pertinentes permettent aux membres et aux employés des OGE de devenir des administrateurs électoraux professionnels. Ils sont en outre tenus au respect des principes de bonne pratique électorale, à savoir :
- l’intégrité : capacité à agir de manière impartiale et indépendante sans favoriser des intérêts politiques particuliers ni céder à la corruption, et en veillant à garantir le respect du droit, des règles et des codes de conduite électoraux ;
- l’impartialité : capacité à faire preuve d’équité et à assurer aux parties prenantes un traitement juste et honnête ou des règles identiques, ainsi que la capacité à traiter les parties prenantes sur un pied d’égalité et de manière impartiale ;
- indépendance : capacité à effectuer son travail sans être sous l’influence ou l’emprise d’un pouvoir extérieur tel que le gouvernement ou le parti au pouvoir ;
- transparence : capacité de l’OGE à faire preuve de franchise et d’honnêteté, à fournir des informations aux parties prenantes et à leur donner accès à ses dossiers en temps opportun ;
- efficience : utilisation optimale de toutes les ressources, notamment par l’emploi avisé des fonds électoraux et la conception et la conduite des activités dans un souci de pérennité et de rentabilité ;
- le sens du service : motivation à s’assurer que toutes les activités visent à fournir des services de qualité aux parties prenantes en général et aux électeurs en particulier ;
- le professionnalisme : application rigoureuse et précise des procédures électorales afin d’assurer la crédibilité des élections. Les OGE doivent veiller à ce que tous les agents électoraux, qu’ils soient permanents ou temporaires, aient reçu une formation adéquate et possèdent les compétences requises pour appliquer des normes professionnelles strictes. L’opinion publique doit être convaincue que le processus tout entier est « entre de bonnes mains ».
Quel que soit leur degré d’engagement dans leur travail, la plupart des membres des OGE ne disposent pas d’une expérience dans tous les domaines de responsabilité liés à la direction et à la gestion des processus électoraux. Les OGE se doivent d’offrir une formation professionnelle à tous leurs membres et d’assurer le développement du personnel de leur secrétariat s’ils souhaitent atteindre et conserver un bon niveau de performance.
Comme l’a observé l’ancien directeur général des élections du Ghana, le grand public ignore tout du fonctionnement de l’administration électorale et se renseigne aussi bien auprès de secrétaires, chauffeurs ou membres de la sécurité de l’OGE qu’auprès du personnel opérationnel. L’OGE dispense donc à l’ensemble de son personnel une formation qui lui permet d’acquérir des notions de base sur la mission et les principes de l’OGE.
La capacité d’un OGE à exécuter correctement toutes ses fonctions et responsabilités électorales dépend en grande partie des aptitudes et des performances du personnel de son secrétariat. Les compétences des employés temporaires et permanents du secrétariat peuvent être renforcées grâce à la mise en œuvre de stratégies de recrutement adaptées et de solides programmes de formation et de développement du personnel. Les OGE des trois modèles sont très souvent confrontés à des problèmes similaires, même si ceux-ci peuvent se manifester de différentes manières.
La remise en question du professionnalisme d’un OGE par le public peut favoriser les demandes de réforme institutionnelle (voir les études de cas sur le Mexique et le Kenya). Néanmoins, les OGE attachés à des valeurs fortes peuvent mener à bien des élections dont les résultats sont acceptés par les parties prenantes, même si la professionnalisation de leur personnel n’est pas achevée, comme au Bhoutan.