On entend par financement électoral, le budget électoral ou les coûts qu’encourent les pays du fait des diverses activités menées par les OGE et d’autres entités pour organiser et mener à bien les processus électoraux. Certains de ces coûts sont facilement identifiables. D’autres sont plus difficiles à quantifier parce qu’ils sont inclus dans les budgets des services généraux d’autres administrations. La comparaison des coûts électoraux entre pays s’avère difficile parce que les postes identifiés et quantifiés en tant que tels varient en fonction du système électoral et du modèle de gestion électorale adoptés. Le projet du PNUD et d’IFES sur le coût de l’inscription électorale et des élections (Cost of Registration and Elections, projet CORE) définit trois catégories de coûts électoraux :
- coûts de base(ou coûts directs) : coûts habituellement associés à la mise en œuvre d’un processus électoral dans un environnement électoral stable ;
- coûts diffus(ou coûts indirects) : coûts des services liés aux élections indissociables des budgets généraux des institutions participant à la mise en œuvre d’un processus électoral ;
- coûts d’intégrité: frais qui, en sus des coûts de base, sont nécessaires pour garantir la sécurité, l’intégrité, la neutralité politique et l’équité d’un processus électoral
Dans les pays en transition et dans les démocraties émergentes, une grande partie des coûts d’intégrité est souvent couverte par des sources extérieures aux OGE, principalement des donateurs : le financement international des activités complexes de production et de traitement des données des listes électorales lors des élections de transition en Afghanistan et en Iraq en constitue un bon exemple. Ces coûts supplémentaires peuvent ne pas figurer dans l’analyse du budget des OGE bien qu’ils découlent des activités prévues par leur mandat. Selon le projet CORE, les coûts de base sont proportionnellement plus élevés dans les démocraties stables, car le processus de consolidation démocratique tend à entraîner une baisse des coûts d’intégrité et une hausse des coûts de base. L’augmentation des coûts de base résulte de deux exigences : augmentation de la participation grâce à une accessibilité plus large aux activités électorales et recours aux nouvelles technologies pour accélérer l’inscription des électeurs, les opérations de vote et la transmission des résultats.
Le projet CORE montre en outre que les coûts diffus ont tendance à être plus élevés dans les démocraties stables, notamment en Europe occidentale. En effet, dans ces pays, la probabilité de mise en œuvre des processus électoraux par des OGE gouvernementaux (modèle gouvernemental ou mixte) est plus forte et plusieurs administrations sont susceptibles de prendre part à la prestation des services électoraux. Par exemple, lorsque le bureau national d’état civil est responsable de la fourniture des données de la liste électorale, comme en Hongrie et en Norvège, il encourt des coûts électoraux difficiles à dissocier des coûts d’ensemble de l’état civil. Même quand les gouvernements appliquent une politique de « recouvrement des coûts » pour leurs services électoraux, les sommes facturées risquent d’être inférieures au coût véritable.
Les OGE relevant du modèle indépendant sont davantage susceptibles d’assumer l’entière responsabilité des fonctions électorales. Ils auront donc davantage de coûts directs facilement identifiables et moins de coûts diffus que les OGE relevant du modèle gouvernemental ou mixte. Davantage de coûts facilement identifiables risquent de donner, à tort, l’impression de coûts réels plus élevés.
