Lorsque les processus électoraux d’un pays fonctionnent relativement bien, la mise en œuvre progressive de la réforme électorale, par le biais de légères modifications au fil des élections, permet généralement de minimiser les risques. La mise en œuvre simultanée de réformes majeures dans différents domaines peut peser lourd sur un OGE et augmente le risque de résultats insuffisants, en particulier lorsque les délais sont courts. Alors qu’une mise en œuvre réussie peut permettre d’atteindre les objectifs souhaités, voire dans certains cas de renforcer la confiance dans l’efficacité des élections et dans l’OGE, une mise en œuvre défaillante peut avoir l’effet inverse. Ce point est particulièrement problématique lorsque les réformes ne bénéficient pas d’un solide soutien politique à tous les niveaux. Il est probable que les opposants à une initiative particulière cherchent l’occasion de la qualifier d’échec et de demander son abandon.
Il existe trois grands risques inhérents aux processus de réforme. Le premier consiste à essayer de résoudre le mauvais problème. Par exemple, un pays n’a pas grand intérêt à investir massivement dans un système d’inscription des électeurs technologiquement avancé si le véritable problème est que les agents électoraux sont intimidés, subordonnés ou corrompus par les partis ou les candidats, ce qui relègue la qualité des listes électorales au second plan. Lorsque la culture électorale d’un pays est réellement défaillante, il est peu utile d’investir massivement dans la technologie ; en effet, même si le processus aboutit, il risque de simplement déplacer la fraude d’un élément du système à un autre. Les réformes majeures, en particulier celles qui impliquent une innovation technologique, peuvent être très coûteuses, notamment si l’on tient compte de facteurs tels que les coûts d’exploitation à long terme ou la dépréciation. La mise en place de tels systèmes peut facilement surcharger une organisation, même bien établie et correctement financée, monopolisant les principaux dirigeants, voire détournant leur attention d’autres problèmes qui, en toute objectivité, mériteraient peut-être une plus grande attention.
Le deuxième risque consiste à émettre des hypothèses irréalistes à propos d’aspects non techniques dont dépend la réussite d’un système. Par exemple, une base de données destinée à être utilisée pour tenir un registre électoral constamment à jour peut ne pas être à la hauteur des attentes s’il est impossible d’assurer le flux constant de données nécessaires à l’actualisation de la base de données.
Le troisième risque réside dans la perte de flexibilité. La décision d’adopter une approche technologique spécifique peut très bien enfermer un pays ou une organisation dans une solution qui sera difficile ou de plus en plus onéreuse à maintenir sur le long terme. Par exemple, les organisations qui ont massivement investi dans des processus en ligne, même dans d’autres domaines que les élections, découvrent à présent qu’elles doivent réorganiser leurs systèmes informatiques pour les rendre facilement accessibles depuis un smartphone ou une tablette, car les moyens privilégiés par les clients pour accéder à Internet ont évolué.