Dans de nombreux pays, c’est le chef de l’État qui nomme les membres des OGE. Cette tâche peut également incomber à l’assemblée législative (Canada, Lettonie, Mexique, p. ex.) ou au pouvoir judiciaire (Costa Rica). La répartition des pouvoirs de nomination des membres des OGE entre l’exécutif, l’assemblée législative et (le cas échéant) le pouvoir judiciaire assure un équilibre dans les procédures de nomination, qu’elle contribue à améliorer. Si un pouvoir de l’État (surtout le pouvoir exécutif) est le seul à pouvoir nommer les membres de l’OGE, les personnes qu’il nomme, si intègres soient-elles, risquent d’être perçues par le public, notamment par les partis d’opposition, comme des pions de l’autorité qui les désigne.
Ce risque peut subsister même si le pouvoir de nommer les membres de l’OGE est partagé entre l’exécutif et l’assemblée législative, dans le cas où ces deux pouvoirs sont dominés par le même parti ou si l’exécutif contrôle le pouvoir législatif dans les faits. Il peut alors s’avérer utile d’imposer une majorité qualifiée des deux tiers de l’assemblée législative pour approuver les nominations des membres de l’OGE, parce que cela peut garantir un droit de veto aux partis minoritaires. Ce principe est appliqué au Mexique, au Nigeria, en Uruguay et au Yémen.
Le degré de liberté du chef de l’État en matière de nomination varie : il peut disposer d’un pouvoir discrétionnaire, choisir les membres après consultation ou suivre la décision d’autres instances. Au Pakistan, le chef de l’État choisit l’ensemble des membres, tandis qu’au Guyana et à Sainte-Lucie, il entérine leur nomination, mais ne sélectionne qu’une partie d’entre eux. La nomination unilatérale des membres de l’OGE, en particulier par l’exécutif, a été critiquée par de nombreux analystes, qui estiment qu’elle pourrait favoriser la nomination de sympathisants du gouvernement et du parti au pouvoir plutôt que celle d’arbitres impartiaux.
Des formes de consultation sont plus fréquentes pour nommer les membres des OGE. Associer l’assemblée législative, y compris les partis d’opposition, au processus de confirmation peut assurer un certain degré de multipartisme dans les nominations. Les groupes et factions parlementaires sont consultés en Ukraine. À Trinité-et-Tobago, les nominations suivent les conseils du Premier ministre après consultation du leader de l’opposition.
Que la décision ultime revienne au chef de l’État ou à l’assemblée législative, il arrive dans certains cas que l’on fasse appel à un comité de désignation ou à un groupe d’individus moins formel pour une partie du processus. Au Guatemala, ce comité se compose de recteurs d’université, de doyens des facultés de droit et d’un représentant de l’ordre des avocats. Au Bhoutan, une liste restreinte est proposée conjointement par le Premier ministre, le président de la Cour suprême, le président du Parlement, le président du Conseil national et le leader du parti de l’opposition. En Papouasie - Nouvelle-Guinée, le Comité des nominations de la Commission électorale est composé du Premier ministre, du chef de l’opposition, du président du Comité parlementaire sur les nominations et du président de la Commission de la fonction publique. Au Vanuatu, le président nomme les membres des OGE sur avis du Conseil de la magistrature. En Malaisie, le président les nomme après consultation de la Conférence des dirigeants (constituée des chefs de chaque État fédéré). Aux Philippines, il les nomme avec l’aval de la Commission de nomination. En Zambie, le président fait appel à un comité de sélection composé des membres de la Cour suprême, de la Cour constitutionnelle, de la Commission de la fonction publique, du Conseil de la magistrature, d’un représentant des organisations ecclésiales et de l’ombudsman. En Afrique du Sud, les candidats sont désignés par un jury constitué par le président de la Cour constitutionnelle, un représentant de la Commission des droits humains (South African Human Rights Commission), un représentant de la Commission pour l’égalité des sexes (Commission for Gender Equality ) et le Procureur général. Au Soudan du Sud, il est obligatoire de consulter des groupes de femmes et des OSC lors du processus de sélection. En Zambie, la liste des candidats présélectionnés est rendue publique pour pouvoir être examinée par tous.
Dans la plupart des cas, le comité de désignation décide des personnes à nommer. Cependant, il peut également présenter une liste comportant plus de noms que de sièges à pourvoir, liste qui est dans ce cas soumise à l’examen d’une autre instance. En Afrique du Sud et en Indonésie, c’est l’assemblée législative qui choisit les membres de l’OGE parmi les noms proposés par le jury. Au Brésil, le président sélectionne deux personnes sur une liste de six noms présentée par la Cour suprême fédérale. En Lituanie, le ministre de la Justice et l’ordre des avocats présentent chacun une liste dans laquelle les membres sont tirés au sort.
Un autre moyen de partager les fonctions de nomination des membres des OGE consiste à confier à différents organismes la sélection d’un pourcentage déterminé de membres, au lieu de nommer tous les membres de la même manière. Ainsi, en Corée du Sud, trois membres sur neuf sont nommés par le président, trois autres sont élus par l’Assemblée nationale et les trois derniers sont désignés par le président de la Cour suprême. En Lituanie, une partie des membres est désignée par le ministre de la Justice et l’ordre des avocats. En Lettonie, la Cour suprême élit un membre de l’OGE, tandis qu’au Botswana le Conseil de la magistrature choisit cinq des sept membres dans une liste de noms recommandés par la Conférence de tous les partis (All Party Conference). Au Portugal, chaque ministère de premier rang désigne un membre de l’OGE.
Certains membres peuvent parfois siéger à l’OGE au titre d’une autre fonction qu’ils exercent ; c’est le cas notamment de l’Auditeur général aux Tonga, du directeur de l’Office fédéral statistique en Allemagne ou du président du Tribunal foncier maori en Nouvelle-Zélande (avant 2010).