Certains pays émergeant d’un conflit ont compté sur l’assistance de donateurs, par l’intermédiaire de l’ONU ou d’autres agences, pour financer la totalité ou une grande partie de leur budget électoral. Ce fut le cas des pays suivants : le Cambodge (1993), le Mozambique (1994), la Bosnie-Herzégovine (1996), le Timor-Oriental (2000), la Sierra Leone (2002), l’Afghanistan (2004), l’Irak et le Libéria (2005). Dans les élections postconflictuelles, l’assistance des donateurs peut s’avérer essentielle, surtout si l’effondrement des institutions de l’État a détruit leur capacité à collecter des revenus. Des donateurs comme l’ONU, la Commission européenne et la USAID (United States Agency for International Development, ou Agence des États-Unis pour le développement international) ont beaucoup contribué au financement des processus électoraux dans de nombreux autres pays. L’assistance de donateurs à l’échelle régionale est un phénomène de plus en plus répandu : par exemple, l’Afrique du Sud et d’autres pays de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) apportent un soutien électoral aux OGE des autres pays membres de la SADC; l’Organisation des États américains (OEA) a fourni une assistance régionale à des pays comme Haïti.
De nouvelles démocraties telles que l’Albanie, l’Indonésie, le Lesotho et la Palestine peuvent avoir besoin d’assistance pour la mise en œuvre de processus électoraux conformes aux normes internationales. De l’assistance peut être nécessaire aussi pour permettre à des partis d’opposition naissants de contester des élections d’une manière comparativement compétitive. Dans des pays qui souhaitent améliorer leurs services électoraux, tels que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les capacités et la conscience institutionnelles peuvent ne pas être encore suffisamment développées pour permettre la prise en charge financière d’éléments électoraux incorporels tels que la formation et l’éducation. Même dans les démocraties relativement établies, des projets d’envergure dans des domaines comme le traitement des données et les communications peuvent nécessiter l’assistance de donateurs. Certaines nouvelles démocraties dépendent beaucoup de donateurs étrangers pour financer leur budget électoral de base.
La disponibilité de financement auprès des donateurs dépend de leurs propres cycles de financement, qui peut être difficile à coordonner avec la planification des besoins des OGE. En général, l’assistance des donateurs est soit versée directement à l’OGE, soit transmise par l’intermédiaire d’un ministère du gouvernement. Le versement direct à l’OGE a l’avantage d’être plus facile et il permet de demander directement des comptes. Au Cambodge et au Yémen, l’OGE dispose d’un compte spécial au Trésor national, ouvert pour le financement de la gestion des élections, quelles qu’en soient les sources. La diversité des exigences comptables de donateurs variés peut compliquer la présentation des rapports financiers des OGE. En revanche, l’observation de ces diverses pratiques comptables peut encourager les OGE à examiner et améliorer leurs propres systèmes.
Le contrôle des fonds provenant de dons peut être une question épineuse. La transmission de ces fonds par l’intermédiaire de ministères gouvernementaux peut conduire à des retards ou à des détournements de destination dus à la bureaucratie ou à la corruption, mais les pays hôtes peuvent insister sur ce mode de transmission pour s’assurer qu’on respecte leurs priorités de financement, et non celles des donateurs. La mise en place d’un comité de direction formé de représentants de tous les donateurs, de l’OGE et peut-être du gouvernement, peut être une solution efficace, et éviter des duplications en matière de financement. L’utilisation officielle ou non d’une agence telle que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour coordonner tous les dons à l’OGE peut également s’avérer efficace. En Indonésie en 2004, une grande partie des fonds électoraux versés par des donateurs multiples a été déboursée par le biais d’un Fonds en fidéicommis du PNUD selon des priorités établies par l’OGE.
Les OGE doivent veiller à ce que l’assistance des donateurs corresponde à leurs priorités, et ne soit pas menée par les seuls intérêts de consultants ou de fournisseurs de matériel des pays donateurs. L’assistance technique fournie par les donateurs doit prévoir la formation et les transferts de compétences à leurs homologues de l’OGE afin que ce dernier puisse s’approprier totalement les processus électoraux. Les donateurs peuvent préférer contacter directement des fournisseurs de produits ou services destinés à l’OGE, ce qui peut soulever des interrogations du public au sujet d’une ingérence étrangère. Les donateurs peuvent exiger que les systèmes, matériels et autres éléments tangibles fournis par eux soient achetés auprès de fournisseurs de leur pays natal. L’expérience montre que des solutions basées sur des commandes extérieures d’équipement, comme pour l’inscription des électeurs au Timor-Oriental en 2000, peuvent être peu appropriées pour l’environnement.