Le principal critère de la pérennité est la rentabilité (définie ici comme la fourniture d’un service efficace au coût le plus bas possible), et non simplement le coût le plus bas. Les exigences de base d’élections légitimes ne peuvent pas être compromises pour réaliser des économies. Une mesure particulière destinée à réduire les coûts électoraux peut bien fonctionner dans un pays, mais pas dans un autre à cause de différences d’ordre légal, politique ou socioéconomique. Le fait d’instituer un OGE à membre unique permet d’économiser des fonds publics, mais en Inde cette formule a été rejetée par la Cour suprême qui la jugeait peu propice à des décisions équitables, ouvrant ainsi la voie à la création d’un OGE à trois membres en 1995. Il n’est donc pas possible de proposer des solutions de pérennité applicables dans tous les cas, mais seulement des principes généraux.
Les budgets de base des OGE peuvent être réduits en rationalisant les structures, par exemple le nombre de membres ou d’employés au sein de l’organisme. Les OGE au Cambodge et en Afrique du Sud ont entrepris une telle rationalisation en 1999 et 2002, respectivement. Le fait d’avoir un personnel permanent peu nombreux, soutenu par un personnel de terrain temporaire bien formé, peut réduire les coûts tout en maintenant l’efficacité. Pour les plus petits OGE, l’exemple de Fidji montre que le personnel électoral de base peut être très peu nombreux, mais néanmoins fonctionnel. Cependant, la perte d’employés expérimentés peut avoir un effet très négatif sur la performance de l’OGE. Trouver un juste équilibre n’est pas facile.
Les OGE de modèle gouvernemental ou d’autres modèles peuvent réaliser des économies importantes lorsque des fonctionnaires ou des volontaires sont prêtés à l’OGE pendant les périodes électorales. Bien que ce genre de transfert de personnel favorise la pérennité financière, il peut aussi avoir un effet négatif sur la performance de l’OGE, de même que sur la confiance publique, et affecter ainsi la pérennité politique du processus électoral. Les structures organisationnelles et les coûts reliés aux membres et aux employés constituent un élément important de toute stratégie viable destinée à assurer la pérennité d’élections libres et justes. Un OGE peut utiliser divers outils de gestion, comme l’analyse de tâches, pour déterminer le nombre minimal d’employés requis pour exécuter ses fonctions. Si un tel OGE désire engager du personnel supplémentaire, il doit alors invoquer des motifs d’efficience et d’efficacité. Par ailleurs, il est possible de réaliser des économies considérables en tenant les élections pour tous les niveaux de représentation le même jour. Cependant, comme l’instauration d’un tel système peut avoir un effet marqué sur le plan politique, il se peut que les arguments en faveur de la pérennité politique l’emportent sur les considérations d’ordre financier.