La nature et la structure des institutions chargées de la gestion des élections ou de la prestation de services électoraux peuvent faire l’objet de réformes importantes. Ces réformes peuvent rehausser l’indépendance de l’OGE (p. ex. la création d’OGE de modèle indépendant en Indonésie, au Mexique, au Nigeria, en Roumanie et en Afrique du Sud). Les responsabilités électorales peuvent être redistribuées parmi les organismes existants et/ou des organismes nouveaux afin d’améliorer les services (comme en Nouvelle-Zélande, en Suède et au Royaume-Uni). Dans certains pays tels que la Suède, les suggestions destinées à la réforme de la gestion électorale sont venues de l’OGE lui-même. Dans d’autres pays comme la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, les réformes ont été entreprises à l’initiative du gouvernement. Des pressions d’organisations civiles locales ou de groupes internationaux peuvent aussi entraîner des réformes, comme en Géorgie et au Libéria.
Les réformes des processus électoraux peuvent avoir un effet considérable sur les stratégies, les politiques et les procédures d’un OGE, notamment lorsqu’il s’agit d’introduire un nouveau système électoral. Ces réformes peuvent viser des questions électorales clés telles que la participation et la représentation électorales, le découpage des circonscriptions, l’inscription des électeurs, l’enregistrement et la supervision des partis politiques, et l’amélioration de l’intégrité électorale. Elles peuvent aussi viser certains aspects techniques ou technologiques du processus électoral, comme l’introduction de nouvelles procédures d’approvisionnement ou de recrutement, les systèmes d’inscription des électeurs ou les méthodes utilisées pour enregistrer et dépouiller les votes. Elles peuvent impliquer diverses politiques sociales : réduction du déséquilibre dans la représentation des hommes et des femmes à l’assemblée législative, amélioration de l’accès aux processus électoraux pour des groupes sociaux marginalisés, ou amélioration de la représentativité du personnel de l’OGE lui-même.
La réforme du système électoral, comme on l’a vu à Fidji, en Indonésie, au Lesotho, au Libéria et en Nouvelle-Zélande, est l’une des réformes les plus profondes qui soient, en matière d’administration électorale. Elle est souvent le résultat d’un besoin fonctionnel, par exemple, des perceptions d’un manque d’équité dans la représentation, ou d’un manque d’efficacité ou de réactivité de la part du gouvernement. En 2003, en Indonésie, le système électoral est passé d’un système de représentation proportionnelle (RP) sur listes fermées avec de très grandes circonscriptions électorales à un système de RP sur listes ouvertes avec de petites circonscriptions, afin de remédier à la faiblesse perçue des liens entre les électeurs et les élus, tout en maintenant la nature consensuelle du mode de gouvernement indonésien. Lorsqu’un système électoral fait l’objet d’une réforme, l’OGE assume une lourde responsabilité en matière d’information et peut être appelé à mettre en œuvre de nouvelles méthodes de découpage électoral, de vote et de dépouillement du scrutin.
Les OGE peuvent jouer un rôle considérable dans la réforme du système de découpage électoral en se faisant les promoteurs de processus de délimitation plus transparents et équitables; en fournissant des avis d’experts sur le découpage électoral; et en s’assurant d’exercer leurs responsabilités dans ce domaine avec impartialité, équité et intégrité. Certaines réformes électorales ont amené la création de circonscriptions plurinominales (c’est-à-dire à plusieurs députés), car ce type de système, habituellement basé sur la RP, tend à réduire l’influence du découpage électoral sur les résultats des élections. D’autres réformes ont créé des circonscriptions basées sur le principe « une personne, un vote, une valeur ». Certaines réformes ont essayé de rendre les processus de découpage plus transparents et objectifs, par exemple en retirant tout rôle dans ce domaine à l’assemblée législative, en confiant le découpage à un organisme indépendant et en exigeant des audiences ouvertes ainsi qu’un examen indépendant des délimitations proposées.
L’inscription des électeurs a fait l’objet de beaucoup d’efforts de modernisation à la fois dans les démocraties émergentes et dans les démocraties établies. L’inscription des électeurs détermine l’admissibilité des citoyens à participer à une élection et constitue donc un facteur clé dans l’équité d’une élection. Comme ce processus se déroule généralement longtemps avant le jour de l’élection, et souvent loin du regard direct des observateurs (surtout quand les fichiers électoraux sont produits à partir de fichiers de l’état civil ou de registres de population), l’intégrité interne des systèmes d’inscription des électeurs doit être très élevée. Les réformes ont visé à accroître aussi bien l’efficacité de processus d’inscription que leur intégrité.
Beaucoup d’OGE ont mis en place des systèmes destinés à améliorer l’exhaustivité, l’équité, l’exactitude et la transparence de l’inscription des électeurs. Parmi les moyens utilisés figurent la mise à jour en continu des données, des mesures spéciales pour l’inscription des électeurs sans abri et des mécanismes de protection contre le rejet ou la radiation injustifiés d’un électeur. Les OGE et les agences responsables de la gestion des données dont sont tirés les fichiers électoraux améliorent l’intégrité des registres d’électeurs en utilisant de meilleures méthodes de vérification de l’identité des personnes et en réduisant la durée de traitement des données, souvent grâce à des solutions technologiques modernes. Les OGE doivent s’assurer que les solutions technologiques utilisées pour l’inscription des électeurs bénéficient de la confiance des citoyens et sont durables, surtout dans les nouvelles démocraties où les OGE sont incertains de leur financement futur.
Le rôle joué par les OGE dans la supervision et la réglementation des activités des partis politiques a fait l’objet de réformes importantes. Certaines étaient les conséquences de réformes législatives destinées à assurer une concurrence électorale équitable (p. ex. les règles régissant le financement public des campagnes électorales des partis et des candidats, et les conditions d’enregistrement des partis politiques et des candidats en vue des élections). D’autres réformes visaient à améliorer la supervision des dons reçus et des dépenses effectuées dans le cadre des campagnes électorales, ainsi que la démocratie interne des partis (p. ex. la supervision des processus de sélection des candidats). Les réformes destinées à établir des règles du jeu équitables ont aussi amené certains OGE à administrer ou surveiller des arrangements en vertu desquels les médias sont tenus de répartir équitablement les possibilités de publicité durant les campagnes.
Un nombre croissant d’OGE sont en train d’introduire de nouvelles méthodes de vote. Le Brésil et l’Inde ont introduit des machines de vote électroniques (MVE). Plusieurs des questions liées à l’introduction du vote électronique sont traitées dans les sections Relations des OGE avec les parties prenantes et Pérennité des OGE.
Des efforts considérables ont été faits en vue de rendre le vote plus accessible. Dans certains cas, l’accès à l’inscription a été ouvert aux citoyens demeurant à l’étranger, aux personnes sans domicile fixe ou aux personnes en prison. La participation au vote a été élargie à beaucoup de gens grâce à l’introduction du vote par procuration ou du vote postal, y compris pour les électeurs à l’étranger, et grâce à des mécanismes de vote et d’information destinés aux réfugiés, aux personnes déplacées à l’intérieur du pays, aux personnes handicapées, aux personnes du troisième âge, ainsi qu’à celles qui se trouvent en région éloignée, en prison ou à l’hôpital. Les OGE ont dû faire face à toutes ces réformes en introduisant des systèmes et des procédures qui élargissent l’accès tout en maintenant une haute intégrité dans les processus d’inscription, de vote et de dépouillement.
Dans certains pays, des mesures ont été adoptées en vue d’améliorer l’accès au système électoral pour certains groupes sociaux ainsi que pour les femmes. Les OGE peuvent favoriser l’équité d’accès par le biais de ses propres pratiques de recrutement, par exemple en exigeant la parité genre dans l’embauche du personnel temporaire destiné aux bureaux de vote, et en utilisant des programmes internes de développement professionnel pour préparer les femmes à accéder à des postes de direction au sein de l’OGE.