Le soutien de donateurs peut améliorer la qualité d’une élection et, dans certains cas, peut même être indispensable. Cependant, pour beaucoup d’OGE, ce soutien a des implications pour la pérennité d’élections libres et justes (voir les études de cas concernant l’Afghanistan, la Bosnie-Herzégovine, Fidji, le Lesotho, le Mozambique, le Nigeria et le Yémen).
Les donateurs peuvent fournir des fonds et de l’assistance technique, y compris des technologies avancées. Cependant, certains donateurs évitent de fournir de l’aide pour les budgets récurrents des OGE, c’est-à-dire les coûts de base reliés au personnel et à la location de bâtiments et de mobilier, ainsi qu’à d’autres éléments comme les véhicules motorisés et le combustible. Le soutien d’un donateur constitue parfois une forme d’aide liée, en fonction de laquelle l’OGE est tenu d’acheter des biens et services de fournisseurs du pays donateur. Souvent, le fait d’acheter ces biens et services de sources externes peut augmenter de beaucoup le coût global des élections. À long terme, les nouvelles technologies peuvent entraîner des dépenses considérables pour l’OGE, par exemple pour l’entretien du matériel ou les droits d’utilisation des logiciels. L’implantation de solutions technologiques fournies par des donateurs peut entraîner une dépendance croissante à l’égard de technologies provenant de l’extérieur, comme cela a été le cas pour l’inscription des électeurs en Haïti.
Dans certaines situations postconflictuelles (p. ex. Bosnie-Herzégovine, République démocratique du Congo, Haïti, Libéria), les donateurs assument la presque totalité du coût des élections transitionnelles. Les élections subséquentes ne peuvent pas bénéficier du même niveau de financement ni, par conséquent, du même niveau de services électoraux, ce qui peut constituer une source de mécontentement. Cela démontre la nécessité de créer des structures transitionnelles dont les autorités locales peuvent assumer le fonctionnement par la suite, et l’importance de développer localement les compétences nécessaires pour assurer le financement des élections futures. Dans d’autres situations postconflictuelles, une aide extérieure peut être vitale, mais il peut s’avérer préférable sur le plan politique ou économique que l’organisation et la conduite des élections transitionnelles ne soient pas confiées à des autorités extérieures : les cas de l’Afghanistan et de l’Irak illustrent peut-être ce genre de situation. Les États non viables et les OGE non viables peuvent aussi avoir besoin d’une aide considérable de la part de divers donateurs, parfois sous l’égide de l’ONU, comme dans le cas du Libéria en 2004-2005.
Les donateurs doivent veiller à ce que l’assistance électorale fournie à un OGE soit efficace et encourage la pérennité. Parmi les points clés à prévoir à cet égard :
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la coordination avec l’OGE et les autres donateurs;
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l’assistance planifiée en fonction des besoins de l’OGE;
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des systèmes et des solutions adaptés à l’environnement de l’OGE;
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un programme de formation destiné aux dirigeants et au personnel de l’OGE;
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l’intégration de cadres de l’OGE dans la gestion de programmes financés par des donateurs;
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la prise en compte des coûts à long terme de tout système ou équipement.
Selon une étude CORE (Cost of Registration and Elections) réalisée en 2005, le Cambodge, qui en 1993 dépendait d’assistance extérieure pour quelque 80 % de son budget électoral, avait ramené cette dépendance à moins de 50 % aux élections de 2003. Il est certes souhaitable de transférer des compétences à des responsables électoraux locaux pendant la période des élections transitionnelles, mais dans les faits, ce but est rarement atteint d’une manière satisfaisante, et le transfert de compétences doit généralement continuer après la période de transition. En contexte postconflictuel, l’assistance externe initiale est vitale pour restaurer la démocratie et la stabilité, mais à moins qu’une aide externe importante soit maintenue à moyen terme pour continuer à développer les capacités de l’OGE, le processus électoral et la démocratie elle-même risquent d’essuyer des revers.
Les nouvelles technologies peuvent aider à améliorer la qualité des processus électoraux, notamment ceux qui exigent le traitement rapide de grandes quantités de données (p. ex. délimitation des circonscriptions électorales, inscription des électeurs, enregistrement et dépouillement des votes). Un nombre croissant d’OGE s’intéressent au vote électronique. Même certains OGE financièrement autonomes, comme celui du Costa Rica, ont besoin d’assistance extérieure pour financer l’introduction de nouvelles technologies (voir l’étude de cas). Les avis sont partagés sur l’opportunité de financer à long terme des systèmes de vote informatisés, des services Internet et de télécommunications, ou d’autres technologies électorales telles que des systèmes de scanographie et de biométrie pour l’inscription des électeurs. Parmi les facteurs que les OGE et les donateurs doivent prendre en compte :
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les avantages coûts/bénéfices financiers, sociaux et politiques d’utiliser l’aide extérieure pour financer de nouvelles technologies plutôt que d’autres programmes d’assistance électorale;
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la durée de vie de la technologie (le matériel devra-t-il être remplacé à grands frais pour le prochain scrutin ou sera-t-il encore utile pendant des années?);
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les capacités locales d’entretien technologique; s’il n’est pas possible, financièrement ou techniquement, d’assurer l’entretien du matériel ou des logiciels obtenus de sources extérieures, ou s’il n’y a pas de transfert de compétences en vue d’assurer la continuité de fonctionnement après le départ des conseillers internationaux, la technologie provenant de l’extérieur du pays peut s’avérer une solution très coûteuse et sans lendemain;
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la possibilité de mettre la technologie à la disposition d’autres organismes du gouvernement ou de la collectivité après l’élection, et même de la prêter à d’autres pays pour leurs élections;
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la formation d’employés électoraux temporaires à l’aide de technologies de source extérieure, de façon que ces employés puissent appliquer dans leur milieu de travail postélectoral les connaissances ainsi acquises.