Outre les réseaux d’OGE, il existe dans le monde plusieurs réseaux généralement connus sous le nom de « réseaux de soutien électoral », qui comprennent des organisations de la société civile telles que des églises, des médias, des organismes de défense des droits de la personne, des organismes de femmes, et d’autres organismes de nature communautaire. Les réseaux de soutien électoral ont été mis sur pied pour coordonner et appuyer les efforts d’intervenants non étatiques œuvrant au soutien de la démocratie et des processus électoraux. Dans certains pays, ces réseaux peuvent regrouper des dizaines ou même des centaines d’organismes individuels d’envergure régionale ou nationale. Les principales activités d’ordre électoral entreprises par ces réseaux sont l’observation et la surveillance des scrutins, l’éducation civique et électorale ainsi que la réforme électorale.
Un bon exemple d’un réseau national de soutien est le Zimbabwe Electoral Support Network (ZESN, Réseau de soutien électoral du Zimbabwe), une coalition d’ONG actifs dans les domaines de la bonne gouvernance, de la démocratie et des élections. Un réseau semblable avait été formé plus tôt au Kenya, où la National Election Monitoring Unit (Unité nationale de surveillance des élections), un réseau d’organismes professionnels et commerciaux, s’est formée pour promouvoir la réforme électorale et a ensuite déployé des milliers de personnes pour surveiller les premières élections pluripartites en 1992.
Les élections transitionnelles qui ont marqué la fin du régime militaire au Nigeria en 1998-1999 ont suscité la création de plusieurs organismes civils qui ont formé des réseaux pour favoriser leur participation dans la réforme électorale et dans l’observation des élections. Certains réseaux régionaux travaillaient à encourager la participation des femmes comme candidates et comme électrices. D’autres réseaux s’intéressaient surtout à la réforme de la constitution et des lois en matière électorale et d’autres encore s’occupaient d’éducation civique et électorale. Ces réseaux, dont le plus grand était le Transition Monitoring Group (TMG, Groupe de surveillance de transition), ont fait un travail louable en ce qui concerne l’éducation civique ainsi que la surveillance des préparatifs électoraux et du vote. Le TMG (comme beaucoup d’autres réseaux du Nigeria) a survécu aux élections et à la période postélectorale, et a été actif dans la préparation des élections de 2003, alors qu’il regroupait plus de 100 organisations non gouvernementales (ONG).
D’autre part, au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), il existe un réseau de soutien électoral qui réunit des organisations de la société civile œuvrant dans les domaines de la démocratie et des élections.
Le réseau Asian Network for Free Elections (ANFREL, Réseau asiatique pour des élections libres), formé en 1997 et basé à Bangkok, réunit 21 organismes membres de 11 pays : Bangladesh, Cambodge, Inde, Indonésie, Japon, Népal, Pakistan, les Philippines, Corée du Sud, Sri Lanka, et Thaïlande. L’ANFREL se livre à plusieurs activités : observation électorale, recherche, promotion des droits, diffusion d’information, et activités de formation relatives à différents thèmes : élections, démocratisation, bonne gouvernance, etc. Ce réseau a observé des élections dans 15 pays asiatiques. Les buts généraux des réseaux d’ONG sont de faire participer les organisations membres aux activités préélectorales et d’implanter des programmes pour le jour du vote.
Il est souvent reconnu que l’expertise spécialisée réside dans les organismes individuels et pas nécessairement dans le réseau. Le réseau lui-même assume habituellement les tâches plus générales comme l’aide à la formation, la standardisation des procédures et l’assistance technique aux organismes membres. Bon nombre de réseaux d’ONG mettent beaucoup de temps et de ressources à appuyer les programmes de formation et d’éducation électorale des OGE nationaux. Beaucoup se spécialisent dans l’observation ou la surveillance des élections et certains aident à la résolution de litiges électoraux.
La contribution de réseaux intérieurs de soutien électoral a été considérable dans les États démocratiques nouveaux ou émergents. Le développement de tels réseaux est souvent encouragé par des donateurs internationaux, qui voient ces réseaux comme des instruments d’influence positive sur l’acceptabilité des résultats électoraux, et des destinataires d’aide plus faciles à gérer qu’une multitude d’organisations individuelles. Les réseaux et leurs organismes membres peuvent être obligés de se faire accréditer par l’OGE national pour prendre part à certaines activités électorales et peuvent être tenus de se conformer aux buts et normes fixés par l’OGE. Il est arrivé que des organismes membres de certains réseaux se voient refuser l’accréditation pour l’observation électorale parce qu’ils sont politiquement orientés. Aux élections de 1998-1999 au Nigeria, au moins un organisme membre d’un réseau bien connu a été dénoncé pour son comportement partisan pendant l’observation des élections.
Dans certaines régions, on constate une tendance en vertu de laquelle des ONG à caractère religieux se joignent à des ONG séculières à l’intérieur de réseaux pour participer à l’éducation civique et électorale, ainsi qu’à l’observation des élections. Un réseau de ce genre est le Réseau d’éducation électorale du peuple (JPPR) en Indonésie. Le JPPR est une coalition nationale comprenant surtout des organisations de masse islamiques, mais aussi des organisations de masse chrétiennes et des ONG séculières. Pour les élections législatives et présidentielles de 2004 en Indonésie, le JPPR a entrepris des activités à la fois d’éducation électorale et d’observation électorale, et a déployé plus de 100 000 observateurs lors de l’élection présidentielle de juillet.