La loi électorale devrait préciser le mécanisme de prévisions budgétaires pour l'inscription des électeurs et pour les élections. Elle peut prescrire que le gestionnaire électoral supérieur ou le président de l'organisme électoral présente en temps opportun, pour approbation, des prévisions budgétaires en vue d'obtenir les fonds nécessaires. Il arrive fréquemment, surtout dans les pays en voie de démocratisation, que les fonds soient insuffisants, que les prévisions soient présentées trop tard ou que l'on dépende de fonds en provenance de l'étranger pour obtenir équipement, matériel, véhicules, ordinateurs, imprimantes, urnes et bulletins de vote.
Des fonds sont également nécessaires en dehors des périodes électorales pour l'inscription des électeurs, la révision des limites électorales, la localisation des bureaux de vote et les programmes d'éducation populaire et d'éducation de l'électorat. Pour qu'un organisme électoral national permanent fonctionne efficacement entre les élections, il doit disposer des fonds nécessaires. Selon la situation économique du pays, ces fonds peuvent être très minimes ou même inexistants et il faudra possiblement dépendre des contributions étrangères pour disposer de l'équipement et du matériel énumérés plus haut. Mais idéalement, tout pays démocratisé ou en voie de l'être devrait viser à subvenir aux besoins de son organisme électoral pour ses activités continues.
Une fois les fonds accordés par le gouvernement, l'organisme devrait jouir du plein contrôle de ses dépenses sans avoir à faire approuver chacune au préalable par le parlement ou par un ministère, mais il doit toutefois demeurer redevable au gouvernement pour ses dépenses et présenter des rapports financiers annuels comme tout ministère. Ces rapports devraient faire l'objet de certification par des vérificateurs professionnels qui ne relèvent pas du gouvernement.
Les expériences ont démontré que le plus important obstacle au déroulement d'élections libres et équitables est l'incapacité ou le refus du gouvernement à dégager les fonds nécessaires suffisamment tôt, de là la nécessité que le budget de l'organisme soit approuvé par un vote distinct du parlement.
Une des conditions à l'approbation des budgets devrait être la préparation, par l'organisme électoral, d'un plan d'action s'étalant sur plusieurs années pour approbation par le parlement. Ce plan devrait tenir compte des exigences de la politique fiscale nationale, énoncer le mandat de l'organisme et décrire les services qu'il fournit à l'électorat, aux partis politiques, aux candidats et à tous les autres intervenants. Il devrait également contenir l'énoncé de mission que s'est confié l'organisme, ses projets d'avenir, une évaluation de ses points forts et de ses points faibles, de ses possibilités et des menaces qui le guettent, de même qu'un aperçu lucide de ses projets à l'intérieur des restrictions existantes.
Il devrait être expressément défendu à un organisme électoral d'accepter des contributions des partis politiques, bien qu'il puisse en recevoir d'entreprises commerciales en autant qu'elles sont divulguées et que toute contribution financière qui lui est faite soit portée à l'attention du gouvernement et mentionnée dans ses rapports financiers. S'il est décidé de permettre de recevoir des contributions des gouvernements étrangers et d'organisations non gouvernementales, une politique préétablie devrait en définir les paramètres et ces contributions devraient également être divulguées dans les rapports. Inversement, l'organisme électoral ne devrait pas être autorisé à faire des contributions à des organismes étrangers, à des partis ou groupes politiques ni à des organisations non gouvernementales du pays.