Les médias principaux et les plus chers disponibles pour des fins d'information et d'éducation sont ceux qui ont un impact national. Avec les changements dans la technologie de l'information et chez les propriétaires, les gens qui utilisent les divers médias pour y diffuser de l'information ou des stratégies de développement doivent les envisager de façon différente.
Le présent fichier traite de :
- la télévision;
- la radio;
- la segmentation des publics;
- les journaux;
- les revues;
- la synergie médiatique;
- l'Internet.
La télévision
La télévision est un médium capable de transmettre des messages complexes et des émotions à de vastes publics. Dans la plupart des pays, la possession d'un téléviseur a abouti à l'individualisation des publics; au mieux, une famille et des amis se retrouvent ensemble pour une émission. Mais souvent les gens sont seuls à regarder. Dans certaines sociétés, il peut exister une culture de visionnage communale mais qui disparaît avec l'accroissement du revenu personnel.
Les réalisateurs et les diffuseurs doivent donc utiliser des techniques pour garder leurs téléspectateurs, surtout s'ils ont recours à de la publicité plutôt qu'au contenu de la programmation. Les éducateurs utiliseront la publicité, des documentaires (surtout des anecdotes personnelles et les recommandations de célébrités), de romans-fleuves ou des feuilletons, des jeux télévisés, etc.
Ces diverses émissions coûtent cher à réaliser et exigent une importante planification pour les maintenir à un niveau acceptable. Parce que la télévision est une ogre, la demande de nouveau matériel est substantielle en tout temps.
Finalement, en ce qui a trait au matériel de programme, il importe de comprendre qu'il sera en concurrence avec des programmes réalisés commercialement et souvent de qualité internationale (du moins la réalisation sinon le contenu). La télévision ne pardonne pas et les téléspectateurs éteindront la télé ou ne l'allumeront pas devant un programme, important sur le plan social, mais présenté de façon ennuyeuse ou amateur.
Les éducateurs devront aussi préparer une programmation qui, tout en faisant autorité, ne semblera pas extravagante puisqu'on l'a réalisée avec l'argent des contribuables.
Les annonceurs et les diffuseurs étudient régulièrement les cotes d'écoute. Ces cotes (ou indices qui établissent les habitudes des téléspectateurs et leur nombre) servent à déterminer où placer les annonces publicitaires et combien elles coûteront. En général, les périodes de temps les moins chères sont lorsque l'auditoire est au minimum ou lorsqu'il se compose de ceux qui ont le moins de pouvoir d'achat. Ces auditoires peuvent être importants pour les planificateurs éducatifs qui doivent analyser les habitudes d'écoute des téléspectateurs afin d'y découvrir, par exemple, si les femmes ou les personnes âgées sont à l'écoute.
Dans certains cas, les diffuseurs peuvent fournir du temps d'antenne gratuitement pour la publicité de l'éducation civique ou de l'électorat; dans d'autres cas, le temps d'antenne sera payé directement ou commandité par des compagnies. Lorsqu'on cherche des commanditaires, il faut s'assurer qu'il y a concordance entre le message et le commanditaire. La crédibilité de la compagnie en matière de traitement des travailleurs, des consommateurs ou de l'environnement peut amoindrir le message.
Ce n'est pas que la réputation d'un commanditaire qui peut éroder un message. Le recours à des célébrités tels des artistes populaires, des étoiles du sport professionnel ou autres pour endosser le programme peut coûter très cher et nuire au programme par suite d'un comportement indiscret de la part d'un seul individu. Ce peut être une affiliation soudaine à l'un ou l'autre des partis politiques ou une prise de position sur une question qui est récupérée dans le programme d'un parti. Peu importe, l'impact sur un programme impartial peut être dévastateur. Parmi toutes les émissions, les bulletins de nouvelles obtiennent la plus grande cote d'écoute. Les éducateurs sont très chanceux s'ils peuvent créer de la nouvelle ou avoir l'avantage d'un budget important, du temps d'antenne gratuit ou un commanditaire qui leur permet de placer leur publicité près des bulletins de nouvelles.
La radio
Après la télévision, c'est la radio qui recueille le plus grand public. Dans la plupart des pays, et chez les pauvres de ces pays, la radio rejoint un plus grand nombre de gens que la télévision.
La radio a l'avantage qu'on peut y produire et diffuser des programmes à un coût considérablement plus bas et le reproduire dans plusieurs langues à peu de frais. Des exemples de textes radiophoniques sont disponibles dans radio scripts - bosnia herzegovina et dans radio scripts - south africa.
Parmi les options ouvertes aux éducateurs, la radio impose certaines contraintes. Des feuilletons, des documentaires et des magazines semblables aux émissions télévisées sont possibles et se méritent des auditoires fidèles. Mais plusieurs stations radiophoniques ont adopté une programmation hautement spécialisée et il faut en tenir compte. Les formats les plus en vogue sont les « débats et interviews » et les émissions « musique et nouvelles ».
Le style « débats et interviews » utilise un animateur qui reçoit des appels téléphoniques du public. Dans ce format, la programmation fournie par les éducateurs doit être sous forme d'annonces publicitaires ou en fournissant des invités pour une interview et pour répondre aux appels des auditeurs. C'est un format éducatif et efficace, mais les invités doivent être bien préparés et prêts à donner des informations sur un vaste choix de sujets et à les commenter. Heureusement, la radio est un médium éphémère et une petite erreur occasionnelle de la part d'un éducateur ou d'un gestionnaire électoral mal préparé est tolérable mais peu recommandable.
Les programmes « musique et nouvelles » offrent peu d'occasions. Il est presque impossible de les pénétrer autrement que par des annonces publicitaires ou des communiqués de presse.
La segmentation des publics
La radio et la télévision se segmentent de plus en plus. Ils peuvent avoir une portée nationale ou internationale par des systèmes de diffusion par câble ou par satellite. Même les diffuseurs sans satellite peuvent avoir une empreinte ou une portée qui traverse les frontières nationales.
Mais avec une programmation spécialisée et les changements dans la propriété des médias, il est de plus en plus possible de diffuser divers programmes à des auditoires différents (typiquement lorsque la région se détache du réseau national ou vice versa) ou de s'assurer que la programmation n'attire que des auditoires choisis.
À cause de ceci, il faut considérer la radio et la télévision comme un regroupement général de médias et évaluer chaque poste ou station selon le profil de son auditoire. La diffusion d'un message à la télévision ou la radio nationale peut sembler une réalisation majeure pour un éducateur de l'électorat. Mais l'impact de ce message aurait peut-être été plus important si on avait adopté des stratégies différentes. Cette approche est d'autant plus importante si on tient compte des coûts du programme éducationnel. Les grandes heures d'écoute à la télévision nationale (moment où l'auditoire est à son maximum) produiront un impact extraordinaire, mais à moins d'avoir pu obtenir la couverture à bon marché (dans le bulletin de nouvelles ou en fournissant un invité pour un programme de haute gamme, par exemple) le coût peut aussi être élevé.
L'éducation peut se répandre par l'entremise de nombreuses personnes qui deviennent des ressources dans leur propre collectivité. Mais les éducateurs doivent peser l'impact d'une stratégie centralisée (une petite équipe de professionnels peut organiser des programmes de radio et de télévision et des messages publicitaires) contre une stratégie personne à personne plus complexe mais décentralisée.
Si on opte pour une stratégie centralisée, il serait bon que les éducateurs consultent les agences publicitaires pour obtenir le meilleur assortiment. Ils devraient aussi tenter d'assurer la meilleure couverture médiatique possible pour l'élection et utiliser leur budget de publicité pour attirer l'attention sur leur programme.
Les journaux
Les journaux nationaux tombent dans deux catégories : les quotidiens qui ont des horaires de production et des heures de tombée très serrés; les hebdomadaires ou les mensuels qui ont tendance à publier des articles de fond et de référence sur les nouvelles. Les deux types de journaux publieront des suppléments éducatifs ou des reportages sur des nouvelles en cours.
Durant la période électorale, les journaux consacrent beaucoup d'espace à couvrir les candidats et le processus électoral. Dans certains cas, les journaux peuvent avoir appuyé depuis longtemps un parti ou un groupement politique en particulier; ou ils peuvent décider d'appuyer un parti ou une personne en particulier dans une élection.
Parce que la presse est un produit durable, il est avantageux de l'utiliser comme partie importante d'une stratégie éducationnelle. Le journal est lu par l'acheteur mais les statistiques démontrent que plusieurs autres lecteurs profiteront de ce même achat. Même si la plupart de gens recyclent ou se débarrassent des journaux quotidiennement, souvent on conserve plus longtemps les suppléments éducationnels ou les reportages spéciaux (voir newspaper supplement - australia et newspaper - mozambique).
À cause du coût peu élevé d'une deuxième impression (des copies supplémentaires d'un journal ou d'une partie de journal), il est possible de négocier l'utilisation d'un journal pour produire et distribuer le matériel éducationnel nécessaire pour une équipe d'éducateurs locaux largement dispersée.
Les journaux présentent aussi des désavantages. Il semble que le nombre de lecteurs de journaux, surtout les publications nationales, diminue même dans les sociétés les plus instruites. Dans les sociétés où le taux d'analphabètes est élevé, le lectorat est associé à l'instruction; et même si les journaux publient des suppléments spéciaux pour des lecteurs nouvellement alphabétisés ou quasi illettrés, ils comptent sur des intermédiaires pour les faire passer.
Il faut examiner les habitudes nationales des lecteurs avant de décider comment les journaux nationaux peuvent contribuer, que ce soit par des annonces, des articles d'intérêt ou d'opinion, des interviews avec des journalistes, des communiqués de presse ou des suppléments spéciaux. Si on a l'intention d'inclure les journaux comme partie importante de la stratégie, il est essentiel qu'on utilise des journalistes qui comprennent les exigences d'une salle de nouvelles parce que celles-ci sont très spéciales, souvent impénétrables et mystifiantes pour l'éducateur ordinaire.
Les éducateurs doivent s'efforcer de bien informer les journalistes et les rédacteurs de leurs plans et continuer de leur fournir de bonnes informations, ce qui aura pour effet de donner plus de valeur à la couverture des élections.
Le contact personnel et régulier est essentiel et peut faire en sorte que les médias vont rapporter correctement et de façon informative le travail de l'autorité électorale et les questions que les éducateurs jugent importantes.
Revues
Visitez le kiosque à journaux dans une aérogare et le nombre et la variété de revues sont immédiatement évidents. On les publie au trimestre, au mois, à la semaine, dans des éditions régionales et internationales, avec des articles d'agence et pour des publics hautement spécialisés. Certaines revues aspirent à la qualité des périodiques techniques et spécialisés. À mesure que la technologie de mise en page et de production se répand et devient plus acceptable, certains périodiques techniques et spécialisés aspirent à l'accessibilité des revues.
Pour chacune de ces revues, on trouve une politique éditoriale différente et un public spécialisé. Lorsque les éducateurs peuvent faire une entrée dans ces revues, la récompense est grande : des lectorats populaires, longévité de l'accès au matériel et une mise en page attrayante. D'un autre côté, le public peut être trop spécialisé et l'article peut rapidement devenir désuet (la plupart des revues mensuelles ont un horaire de production de trois mois).
Les éducateurs qui peuvent produire des articles typiques et les publier dans des revues générales et très lues pendant la période de leur campagne recevront une aide considérable pour la mise en úuvre de la stratégie générale de leur programme. Tout au moins, on peut utiliser les revues pour encourager les électeurs à se mettre en contact avec l'autorité électorale pour obtenir de l'information. À cause des lents délais de publication et le coût élevé de leurs annonces publicitaires, on trouve peu d'exemples de l'utilisation de revues.
La synergie médiatique
Les types de propriété des médias dans l'économie de marché, qui influence presque tous les pays, ont abouti à une tentative toujours croissante de créer une synergie entre les divers médias. On a souvent cherché cette même synergie dans les campagnes d'éducation. Ainsi, des émissions radiophoniques sont complétées par des publications du genre revue; les journaux font des reportages sur des débats télévisés; les présentateurs à la télévision lisent et commentent la une des quotidiens et interviewent des journalistes plutôt que les sources primaires de la nouvelle.
Ces combinaisons croissantes dans les médias produisent des effets publics ahurissants dans la vie civique et politique. Mais lorsqu'on les introduit dans un programme éducationnel, on peut effectuer des économies considérables et augmenter la couverture et l'impact d'un programme d'apprentissage.
L'Internet
Il existe toute une gamme de nouveaux médias, certains disponibles sur l'Internet, d'autres faisant leur apparition à la suite d'avance dans l'informatique.
Le public de l'Internet n'est pas encore considérable et même si on dit qu'il s'agit surtout de jeunes hommes, il grandit sans cesse en nombre et en diversité à un rythme presque incroyable.
Avec des technologies nouvelles qui permettent d'identifier les intérêts individuels et d'envoyer de l'information aux lecteurs, ou encore, à l'inverse, les lecteurs peuvent choisir le genre d'information qu'ils veulent recevoir, l'Internet a un effet sur tous les types de médias.
Même si le vocable « lecteur » est mal utilisé, à mesure que les ordinateurs deviennent plus puissants et plus nombreux dans les maisons privées et dans des endroits publics et communautaires, les internautes peuvent lire, voir des images statiques ou en mouvement, écouter des messages et y répondre sur le Web.
Même dans les pays (ceux qui sont généralement pauvres en ressources ont moins d'accès à des réseaux informatiques qui dépendent de connections téléphoniques) où l'accès individuel ou en groupe à l'Internet n'est pas répandu, il existe des occasions pour des messages et des programmes spécialisés. Il est intéressant de noter que le Web est un médium qui transcende la localité. Une fois sur le Web, même une ressource locale, comme celle qu'on pourrait créer pour des électeurs quasi illettrés dans un des États des USA, peut être récupérée par un membre d'une bibliothèque en Afrique du Sud.
Ces pirouettes de l'Internet qui évolue presque quotidiennement rendent difficile la tâche de prédire l'impact qu'il aura sur l'apprentissage et sur la stratégie éducationnelle. Il n'y a aucun doute qu'on doit l'utiliser dans les programmes d'éducation populaire et de l'électorat.
Comme pour toute nouvelle technologie, il y a danger de l'aborder avec trop d'enthousiasme. Le coût initial pour ouvrir un site Web, capable d'un bonne performance, est élevé. Ce coût ne peut se justifier que par un haut niveau d'utilisation (il reste à voir si les utilisateurs sont ceux que l'on vise). Au départ, il vaut mieux utiliser ces outils pour les programmes de deuxième niveau, comme la circulation de matériel aux éducateurs et aux gestionnaires d'élection (voir Exilés et réfugiés).
Dépenser de l'argent pour qu'un étudiant en Californie puisse apprendre à voter en Bosnie peut être perçu comme un gaspillage de ressources même si un site Web peut bien desservir des pays qui ont un nombre élevé d'électeurs compétents et expatriés.