Corriger la discrimination passée
L'état des droits de la personne, actuel et récent, a un effet sur la liberté et l'équité d'une élection et la volonté de la population d'y participer. Dans les sociétés qui ont connu la discrimination ou l'intimidation sous une forme ou une autre (opinions politiques, nationalité, culture, sexe, langue, religion, capacités physiques), l'organisation d'une élection pose un défi particulier, notamment en ce qui a trait aux aspects suivants :
Le cadre juridique. Il peut être indiqué d'examiner les lois pour abroger ou annuler celles qui sont susceptibles d'être discriminatoires ou de nuire à la liberté et à l'équité de l'élection.
L'administration électorale. Il se peut qu'on doive prendre des mesures spéciales pour assurer la représentation des groupes auparavant exclus des pouvoirs ou des postes administratifs. Les postes de préposés au vote étant généralement nombreux, il peut être utile d'adopter des politiques d'emploi pour éliminer les pratiques discriminatoires du passé, touchant particulièrement les femmes et les minorités culturelles.
L'information de l'électorat, qui doit s'adresser particulièrement aux groupes à qui on a interdit ou cherché à interdire de voter.
L'intégrité de l'élection, lorsque les pratiques antérieures n'en faisaient pas une priorité.
Après un conflit
Lorsque les élections marquent la fin d'une période de conflit ou de non-respect de la règle de droit, il faut accorder une attention toute spéciale aux cadres juridiques. De telles situations peuvent donner lieu à l'imposition de l'état d'urgence et restreindre le droit de voter, d'être mis en candidature ou de faire campagne. Pour assurer la libre participation, la loi électorale doit avoir préséance sur ces pouvoirs d'urgence.
Sécurité
La question de la sécurité revêt aussi une grande importance pour assurer la protection des droits de la personne dans le contexte du vote. Des mesures de sécurité garantissant que les électeurs peuvent exercer librement leur droit de vote, sans craindre l'intimidation au moment de voter ou plus tard, représentent une condition essentielle à l'organisation d'élections équitables. Dans les bureaux de vote, les électeurs doivent être à l'abri de toute tentative d'intimidation de la part des préposés à la sécurité, des candidats, des responsables, des hauts fonctionnaires ou des employeurs du secteur privé. L'embauche de personnes exerçant un pouvoir sur la collectivité locale n'est pas conseillée (sauf en cas d'urgence), car elle peut entraîner une présence excessive et intimidante des forces de sécurité dans les bureaux de vote.
Si les électeurs ont l'impression que les forces policières ou les militaires sont très proches de certains partis politiques, il se peut qu'on doive employer d'autres stratégies (comme le recours à des forces internationales) pour garantir la sécurité et l'intégrité du matériel de vote et la sécurité des électeurs et des candidats, de même que pour offrir une protection égale à tous les participants. Dans les pays où le port d'armes est une pratique courante, il faut prendre des mesures pour empêcher que des personnes armées intimident les électeurs et les responsables à l'intérieur ou à proximité des bureaux.