Rôle pertinent de l'aide internationale
Le recours croissant à l'aide internationale pour la tenue d'élections fait ressortir davantage l'importance de la viabilité, qui se définit comme étant la recherche de la meilleure façon d'employer les ressources locales et l'aide internationale pour mettre au point une structure réutilisable lors d'élections ultérieures.
Plusieurs aspects de la viabilité sont aussi pertinents pour les pays développés qui étaient auparavant gouvernés par des régimes moins démocratiques qu'ils ne le sont pour les pays en voie de développement. Les événements qui surviennent sur la scène internationale mènent parfois au déclenchement d'une élection, en particulier dans les pays qui amorcent une transition démocratique. L'aide peut provenir d'un bailleur de fonds qui ne répétera pas nécessairement son geste.
De façon générale, ce type d'élection bénéficie d'une aide monétaire et technique considérable dans un laps de temps très court qui défie parfois la logique. Cela se produit souvent lorsqu'une élection est le principal mécanisme retenu pour mettre fin à un conflit. L'échéancier très serré se traduit souvent par la mise en application de solutions onéreuses qui ne peuvent être viables dans l'environnement local. Les attentes à l'égard de l'État peuvent atteindre un degré que ce dernier est incapable de soutenir. Cette situation peut notamment entraîner des cas de corruption.
Au lieu de faire appel à des solutions extérieures « parfaites » qui coûtent cher et ne sont pas viables, il vaut mieux mettre en place des solutions simples mais efficaces et durables dans les pays en voie de développement ou en phase de transition démocratique, en tenant compte des éléments suivants :
- l'aide fournie doit répondre aux besoins et promouvoir le perfectionnement des compétences locales;
- on doit accepter le fait que l'aide ne produira pas nécessairement des résultats parfaits à très court terme.
Occasions de développement
Les activités électorales procurent de nombreuses occasions de perfectionnement des compétences dans les pays en voie de développement. La mise en úuvre de systèmes et de méthodes sans assurance préalable de la présence du bassin de compétences nécessaire à leur utilisation dans d'autres fonctions ou lors d'élections ultérieures est un gaspillage de ressources qui, dans les pays en voie de développement, sont souvent largement insuffisantes.
Certains principes de base contribuent à maximiser les avantages durables :
Les programmes de soutien technique doivent servir aux initiatives de transfert des compétences à plus long terme, au lieu de combler des besoins en personnel d'exploitation à court terme. Si aucun transfert de compétences n'intervient, il faudra encore recourir à l'aide lors des élections ultérieures.
Le champ d'action des initiatives de transfert des compétences doit être plus large et dépasser les simples questions techniques. La formation de personnel dans les domaines de l'administration générale, de la comptabilité et de la gestion financière de base, de l'entretien et de l'utilisation de l'équipement, de l'observation d'un comportement éthique, etc. - qui sont tous inhérents aux opérations de vote - procure des avantages durables à la collectivité.
Les méthodes moins axées sur la technologie, surtout lorsqu'elles visent la réintégration de personnes qui en étaient préalablement exclues de la société, peuvent produire des effets positifs plus larges. À moins que l'intégrité ou le bon fonctionnement du processus électoral n'en dépende, on doit toujours s'en tenir à des méthodes simples, faciles à enseigner et applicables dans un environnement où le réservoir de technologies et de ressources est limité.
On doit déterminer si l'équipement et les systèmes mis en place à des fins électorales pourront continuer à servir dans la collectivité. La collectivité peut-elle tirer profit de l'utilisation des systèmes de communications sur une base continue? L'investissement dans l'équipement technologique et les méthodes est-il justifié par les possibilités d'intégration aux systèmes en place ou leur amélioration? La technologie peut-elle servir à la mise en oeuvre d'autres programmes sociaux? L'acquisition d'équipement et de technologie aux seules fins des élections peut représenter un mauvais investissement lorsque les ressources sont très limitées.
Lors de la sélection de l'équipement et des technologies, il faut tenir compte du progrès technologique que représentera la solution retenue. L'expertise locale dans l'entretien de systèmes (déjà en place ou faisant suite à une formation spécialisée) doit être disponible en vue d'une utilisation future efficace.
On doit analyser avec soin les avantages réels de l'approvisionnement à l'étranger. Les avantages immédiats sur le plan de la technologie, des coûts ou de la qualité sont-ils suffisants pour compenser les effets d'un investissement accru?
Avant de mettre en úuvre des méthodes, il faut d'abord préparer un plan de maintien des compétences.Si l'équipement est inutilisé entre les élections, on perdra les compétences qui ont été acquises. Si le personnel affecté aux opérations de vote ne peut mettre en pratique les connaissances et les habiletés acquises ou si la communication avec l'administration est interrompue, l'investissement dans la formation procurera des avantages limités à l'ensemble de la collectivité.